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  • Pâte brisée

    Je fais souvent des quiches.

    Généralement j'achète pour faire simple un rouleau de pâte toute faite. 

    Récemment j'ai relu la composition de ces pâtes. Je me suis dit que ce n'était plus possible de les acheter. Et faire une pâte brisée ce n'est pas si difficile que ça. Ce qui m'arrêtait était un détail pratique. Je n'ai pas à véritablement parler de plan de travail, et ma table, de salle à manger et de travail, est instable puisqu'il s'agit d'une table à panneaux rabattants Ikea montée par mes soins il y a 19 ans. Mais j'ai eu une illumination, mon chemin de Damas, j'ai réalisé que le plateau en verre de ma cuisinière ferait un parfait plan de travail, à la bonne hauteur, parfaitement éclairé et en plus facilement nettoyable. 

    Donc je n'avais qu'à m'y mettre, ou plutôt à m'y remettre.

    En effet, non seulement ma maman et ma bonne-maman m'ont montré déjà comment faire une pâte à tarte ou à quiche, mais en plus j'avais eu droit à des cours d'économie domestique par une dame française qui habitait Rome et qui - s'ennuyant de faire la femme d'expat dans un grand appartement romain - avait eu l'idée d'organiser des cours de cuisine et de couture pour les petites filles. On passait dont deux heures par semaine chez Mme Chenot (orthographe approximative) qui nous apprenait à coudre un bouton, faire un ourlet, faire une tarte au citron meringuée avec une pâte sablée.

    Donc, si à 9 ans je savais faire une pâte sablée ou brisée, je peux le faire à 50 ans.

    Je me rappelle si bien du grand appartement de la maman de Pascale qui était dans ma classe. Elle avait un perroquet vert qui au bout de 5 minutes, jaloux de voir qu'il n 'était plus au centre de l'attention, se mettait à crier très fort. Mme Chenot essayait de le calmer en lui intimant de se taire, le menaçant de l'enfermer dans la salle de bain, ce qui n'avait aucun effet. Donc elle prenait la cage et son perchoir et l'emmenait à l'autre bout de l'appartement l'enfermer dans la salle de bain.

    Nous continuions notre activité au calme.

    J'ai su, qu'une fois rentrée en France, et avoir retrouvé son appartement modeste de la banlieue parisienne Mme Chenot a craqué et a divorcé. Comment j'ai appris ça, je ne me souviens pas.

    Cette pensée m'a longtemps hantée et j'ai cru pouvoir comprendre ce qu'elle a du ressentir car quand je suis moi-même arrivée en France après mon bac j'ai été mal. La vue de la banlieue que l'on traverse en train une demi heure avant d'arriver à la gare de Lyon me déprimait. Ces petites maisons aux toits marrons, ces villes qui se succèdent collées les unes aux autres sans un espace de campagne m'opprimaient. Au panneau Creteil, le ciel devenait immanquablement gris et je savais que rien n'allait plus. Il me semblait donc que je pouvais comprendre cette femme, qui avait vécu deux ans dans une ville merveilleuse, dans un grand appartement où elle pouvait fourguer son perroquet vert dans une salle de bain immense avec baignoire et fenêtre, et qui ensuite se retrouvait dans un 3 pièces qui était forcément sordide à La Hay les Roses ou Fontenay sous Bois...

    Bref. Il reste que maintenant, quand je fais une pâte brisée, je pense à elle et je me demande ce qu'elle est devenue.

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    PS : Mettre les mains à la pâte est - au propre comme au figuré - tout à fait nécessaire par les temps qui courent.