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La légion d'honneur

La suite naturelle du défilé du 14 juillet, c'est la promotion au grade de chevalier de la légion d'honneur...

La liste intégrale des personnalités élevées à cette distinction est publiée - j'allais dire bien sûr - dans le Figaro. Je m'y plonge. C'est ennuyeux et en même temps fascinant comme toute liste si on s'y penche avec un peu de détachement. D'ailleurs Umberto Eco ne s'y était pas trompé l'année dernière en investissant le Louvre avec cette thématique "Vertige de la liste", je vous renvois à sa conférence, ne prétendant pas atteindre son niveau d'analyse philosophique :

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Dans la légion d'honneur nous avons un autre caractère très fort de l'identité française. En effet à travers cette distinction les deux mythes fondateurs que j'évoquais hier se trouvent réunis : le Grand Siècle et l'Empire. Le Musée de la Légion d'Honneur vous explique parfaitement l'historique de cet ordre. C'est Napoléon qui a voulu remplacer l'ordre du Saint Esprit, par une distinction comparable dans l'idée de recréér une lignée dynastique. Le musée de la Légion d'Honneur se trouve en face du Musée d'Orsay. Sa visite est gratuite. On y trouve, outre les décorations françaises, des décorations de tous les pays. Certaines d'un point de vue strictement d'orfévrerie méritent vraiment le détour. Après, la succession de ces salles contenant des vitrines entières et parfois, la place manquant, des tiroirs entiers de décorations qui me semblent fondamentalement inutiles, donne un peu le tournis. On y trouve cependant les baguettes en argent données au tambour d'Arcole. Cette légende historique des guerres napoléoniennes est au fait vraie. Le petit tambour qui a courageusement mené la charge a existé. Ce qui me fait penser que les enfants soldats, ça a toujours existé (il avait 14 ans...) Le diplôme accompagnant la distinction qui a honoré sa bravoure ainsi que les magnifiques baguettes de tambour sont exposés. Mais je m'égare.

Donc je me plonge dans la liste des promus. Mis à part les grands noms, Michel Serres, philosophe, grand officier, ou le résistant Raymon Aubrac élevé à la dignité de grand-croix, qui paraissent indiscutables, chaque ministère promeut des illustres inconnus. Il y a vraiment de tout, des politiques, des fonctionnaires, des meilleurs ouvriers de France, des anciens résistants encore en vie, des Justes, ce qui fait chaud au coeur, des médecins. La liste la plus sympa est celle intitulée "Promotion du bénévolat associatif". Dans l'énoncé des noms, qui ne me disent rien, je vois toute la modestie de gens qui ont travaillé sans se préoccupper justement de leur notoriété, un tel "président d'un banque alimentaire", une enseignante qui est "présidente d'association", une dame qui dirige une école de chiens guide d'aveugle etc.

Là où Louis XIV rejoint Napoléon I c'est dans la liste du Ministère des Affaires Etrangères, où je découvre des postes qui me paraissent être plus des titres honorifiques que des fonctions réelles,  un peu comme à la cour. Je tombe sur un "ambassadeur chargé du processus euro-méditerranéen initié à Barcelone"... Mais l'intitulé qui me laisse le plus rêveuse est : ambassadeur représentant permanent de la France auprès de l'Organisation maritime internationale à Londres !

Après si on a du temps à perdre on peu se plonger dans la liste du Ministère de la Culture, c'est oulipien. La liste étant en ordre alphabétique, la succession des personnalités les plus diverses n'ayant aucun rapport entre-elles (on va d'Isabelle Adjani à un obscur Luc Tessier en passant par Guylaine Guy et Emir Kursturica) fait encore mieux ressortir l'absurdité de la chose.

Mon grand-père, polytechnicien, contrôleur général de l'Armée avait bien sûr été décoré de la légion d'honneur. Il n'en tirait aucune gloire. Il disait que vu son grade et sa carrière c'était une promotion quasi automatique. Il était fier par contre de sa médaille du sauvetage qu'il avait reçue à 19 ans pour avoir sauvé un vacancier de la noyade sur la plage, un jour de grande marée.

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Napoléon I sur le trône impérial, portant le Grand Cordon de la légion d'honneur par Ingres, Musée du Louvre, actuellement au Musée de l'Armée, Hötel des Invalides.

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