Ma boîte veut mettre en place un nouveau rendez-vous d'info à 8 heures. Pour l'instant la tranche du matin commence à 7 heures avec un premier JT à 11 heures et un autre à 14 heures. Ensuite arrive l'équipe du soir pour préparer un JT à 16 h, un autre à 18 h et un dernier à 22 h. Une autre équipe arrive vers 17h30 pour préparer un JT à 22 heures 30 et un autre journal à 2 heures du matin, c'est ce qu'on appelle la petite nuit par comparaison avec la grande nuit car dans ce cas, les équipes arrivent à 23 heures pour préparer un JT à 3 heures, 4 heures et 6 heures du matin. Ce sont les horaires d'été, l'hiver ça change.
Donc pour préparer un JT de 13 minutes à 8 heures il faudrait raisonnablement venir trois heures avant. D'ailleurs actuellement c'est ce qui se passe. Le red chef consciencieux arrive à 6h30 pour préparer le 11 heures (qui avant se faisait à 10 heures). La/le présentateur de l'après-midi qui commence avec le 16 heures arrive généralement vers 13 heures. Or leur prise de service est notée sur de très anciens accords d'entreprise comme 14h30. Les rédacteurs arrivent en effet à 14h30.
Actuellement, avec ce JT à 11 heures, certains arrivent vers 9 heures, d'autres seulement à 7 heures. Maintenant que l'on rajoute un direct à 8 heures il faut donc venir plus tôt, ce qui sous-entend des primes, pour certaines catégories de personnel qui prenait son service à 8 heures et donc n'en avait pas, ou tout simplement augmenter la pige de la personne qui arrive le matin. Pour un permanent, dont le planning est censé être géré par un logiciel, cela sous-entend de modifier la tranche horaire et lui compter les heures réelles qu'il effectue. Or pour un journaliste cela n'a pas de sens. Pour le personnel dit PTA (technique et administratif) évidemment qu'il est soumis à un régime horaire. Il est censé respecter sa prise de service et ne pas aller se balader entre 18 heures et 22 heures...Mais nous n'avons jamais été très stricts, ce n'est pas le collège...
Le problème est qu'en rajoutant un journal à 8 heures, on ne veut pas rajouter de moyens. A 6h30 il n'y a plus personne, l'équipe de nuit qui a terminé son JT part. N'est là qu'un chargé des sources d'images qui est arrivé à 5h30. Il n'y a pas de documentaliste, pas de chargé de production (sa tranche horaire est 10h30 23 heures). On demandera donc à l'équipe du matin d'arriver une demi heure plus tôt dernier carat. La tranche actuelle étant 6h30-15 heures (dans la réalité 7 heures - 14h30, car tous se barrent dès la fin du JT) elle deviendrait 6h-15 heures.
Comme on fait de la télé, on ne peut décemment se passer d'un cadreur. On a donc juste rallongé la vacation d'un cadreur d'une heure. Il arrivera à 7 heures. Le réalisateur qui était de toutes façons censé arriver à 7 heures, viendra pour une fois vraiment à 7 heures. Mais le journaliste, s'il a une conscience professionnelle, arrivera à 6 heures minimum, même plus tôt s'il s'agit d'une femme et qu'elle a besoin de se faire maquiller. Or on ne veut pas fixer l'heure de début de service formellement. Certaines ont déjà déclaré qu'elles ne pourront être là avant 6h15, problème de garde d'enfant (mais comment font toutes les autres dans des radios et des télés qui font de vraies matinales ?) Donc pour ne froisser personne, la direction reste dans le vague. La tranche est relevée d'une heure, 6 heures 15 heures avec une tolérance pour arriver jusqu'à 6h30. C'est ce que j'appelle les horaires à la carte. Et je n'ai entendu nulle part qu'on allait payer les journalistes plus.
A cette reflexion de ma part on m'objecte que certains journalistes ont besoin de plus de temps que d'autres pour se préparer et que d'autres préfèrent travailler dans l'urgence et qu'il n'est pas nécessaire de fixer une heure précise de prise de service.. Il y aura toujours dans une rédaction ceux qui arriveront une heure avant le briefing pour lire les journaux (chez nous ils sont livré à 7 heures !) et ceux qui arriveront 3 minutes avant sans même avoir écouté la radio.
Moi qui suis plutôt brutale j'ai envie de dire, ceux qui sont pros, ceux qui ne le sont pas.
Mais ce qu'ils oublient, ces chers journalistes, c'est qu'ils ne sont pas tout seuls pour faire leur journal. Un monteur a besoin de leur texte pour monter le sujet ou les titres, une maquilleuse attend de travailler correctement et non pas de donner juste deux coups de pinceaux 2 minutes avant l'antenne, un cadreur souhaiterait avoir un peu plus de 5 minutes pour faire un cadre, un truquiste charger ses synthés, un chef d'édition connaître la durée du sujet ou de la chronique pour finaliser son conducteur... Bref, c'est toute l'équipe qui est pénalisée quand une personne est à la bourre. Du coup on fait un journal, à l'arrache, dont on n'est pas satisfait, mais bon on s'en fout, ce n'est que de la télé n'est-ce pas ? Le personnel technique est censé être là, mais le journaliste peut jouir d'une certaine souplesse, par contre s'il est professionnel et qu'il viendra deux heures avant la prise théorique et non gravée dans le marbre de service il sera payé de la même façon que quelqu'un qui arrivera une heure après lui. Au fait, m'a-t-on expliqué, on ne peut pas parler d'horaires pour certaines fonctions, mais d'activité. On a deux deskeurs, ils sont censés arriver à l'heure et il leur sera demandé de faire un sujet, parfois deux et parfois pas du tout. Et bien ils seront payés de toutes façons, quelque soit l'activité qu'ils ont eue ! Parfois ils auront le temps de faire leur papier, parfois ils ne seront pas trop contents car il n'y avait pas d'images, le monteur n'était pas génial ou tout simplement ils n'étaient pas inspirés. C'est la vie. C'est le travail. Ce n'est pas le prix Albert Londres tous les jours. Mais peut-être que l'on peut aspirer au travail bien fait tous les jours ?
Et moi, en tant que membre du CHSCT, comité hygiène santé et conditions de travail, on m'a donné des tableaux de service avec une petite partie en rouge indiquant la demi-heure de tolérance. On m'a demandé ce que j'en pensais, plus exactement, le terme légal est qu'on m'a "informée".
Qu'est-ce que je pouvais dire à ça ? Dire qu'en mettant une heure flottante de prise de service on ferait de la merde ? J'aurai tellement adoré le dire, mais ça ne se fait pas, même diplomatiquement. J'ai pu dire que les temps de fabrication me semblent un peu courts, que je préconise des moyens supplémentaires.
En attendant il va falloir travailler comme ça.
Moi j'ai de la chance. Je suis PTA. Je suis censée travailler 1750 et quelques heures par an. A la fin de l'année on additionne toutes les heures effectuées figurant sur mon planning et on me rendra les heures travaillées en plus. En attendant, j'ai compris que j'étais vraiment bête d'arriver à 8 heures depuis que nous faisons un journal à 11 heures car si j'arrive à 9 heures personne ne m'en tiendra rigueur. Finalement, à partir de novembre, si l'accord est signé par les délégués syndicaux, je vais arriver à 7 heures et je serais, moi, payée une heure de plus, ou plutôt, à la fin du mois j'aurais des heures à récupérer en plus. Les autres ils auront pour une fois bien gagné le prix de leur pige.