Dimanche, je me retrouve à la Bastille après avoir assisté à la traditionelle Cantate de Bach du 1er dimanche du mois au temple du Foyer de l'Ame, rue du Pasteur Wagner. Le quartier est complètement bouclé. Je vais boire un verre avec une amie japonaise retrouvée au concert et ensuite je la convainc à aller vivre le moment des résultats à 20 heures en direct. Elle m'avoue avoir un peu peur de la foule mais au fur et à mesure que nous nous rapprochons du centre névralgique de l'action elle se tranquillise. Quand le compte à rebours commence, je me laisse gagner par l'enthousiasme et je me surprend à lever les bras au ciel et à crier de joie, comme si j'étais à un match de foot. La foule, les cris "Sarkozy, c'est fini !" scandés par les maghrébins qui tiennent le camion à frites derrière moi, les feux de bengale, les vibrations de toute la foule massée autour de la colonne de juillet ... Ca marche. Je suis transportée.
Nour repartons Bld Bourdon, Akiko habite de l'autre côté de la Seine, côté gare d'Austerlitz, moi côté Gare de Lyon. Nous nous séparons. En remontant le Bld Diderot je passe devant les bureaux du DAL (Droit Au Logement). Une petite foule de femmes, enfants, hommes (beaucoup assez âgés) d'Afrique, danse au son d'une chanson orientale magnifique crachée par un haut parleur. Des gobelets en plastique et des gâteaux s'échangent de main en main. Des voitures toutes vitres baissées passent avec des jeunes d'origine maghrebine qui hurlent leur joie. Tout se mélange. Sait-il Hollande combien de gens ont mis un si grand espoir en lui ? Des femmes en foulard dansent avec des femmes sans foulard. A un moment quelqu'un éteint la sono : une fanfare mêlée à la foule commence à jouer l'Internationale qui est reprise en coeur. Je m'éloigne bouleversée. Pourvu que ça marche, que leurs espoirs, et les miens aussi ne soient pas déçus.