Cet après-midi, dans le metro ligne 5 direction Place d'Italie, à mon grand étonnement je remarque une jeune dame indienne qui se met à chanter dans un micro amplifié avec le même système que les musiciens du métro. Pas de bande son: elle chante sans aucun accompagnement. Je reconnais le style qui me rapelle les chants tristes des romances bollywoodiennes que j'affectionne mais en version extrêmement austère. Sur le strapontin je remarque un petit garçon de 5 ans maximum, peut-être 4, qui joue en rythme la mélodie sur un tambour imaginaire et hoche la tête avec ce mouvement si typiquement indien. Je me rends compte que c'est son fils. D'ailleurs quand elle chante, c'est lui qu'elle regarde. Il est très content et très fier de sa maman. Il me voit au fond de la rame et me fait de grands sourires tout en continuant à mimer la chanson. Je ne sais si c'est la tristesse de la chanson ou de la situation, voire les deux, mais je n'en peux plus : les larmes me jaillissent des yeux comme dans un dessin animé japonais. C'est très gênant. Je m'essuie en espérant que personne n'a remarqué ce que certains qualifieraient d'excès de sensiblerie ...
A la fin de la chanson, le petit garçon passe avec un gobelet recueillir l'obole des passagers. Je vide mon portemonnaie dans son gobelet. Il est très gracieux et gentil dans son geste. Tout ce qu'il peut y avoir de sordide dans le fait de mendier est gommé par sa naïveté et sa spontanéité.
Etant montée à Gare du Nord, il y avait plusieurs Indiens (ou Pakistanais ou Bengalais) dans le métro à ce moment là et je me demande ce qu'ils en ont pensé. Un jeune homme était assis pas loin de la maman qui chantait et parfois il me regardait d'un air triste.
Je suis descendue le coeur serré, me préparant à la vue des familles roms qui vivent désormais entre St Paul, Breguet Sabin et la rue de Charenton. Tout aussi triste, tout aussi poignant mais hélas, je m'y suis habituée.
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(O Re Chori - extrait de Lagaan)