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Jeunes femmes voilées

L'agression de cette jeune fille de Trappes me rappelle une scène à laquelle j'ai assisté place du Capitole à Toulouse pas plus tard que la semaine dernière.

Un grand marché ouvert de disques, livres, vêtements est installé sur la place. Nous sommes samedi. Il fait très chaud et tout le monde se promène et regarde les tréteaux.

Une jeune fille recouverte des pieds à la tête d'un grand voile marron ne laissant libre que son visage, beau, maquillé et sévère -  me défie du regard et marche extrêmement droite fendant la foule comme une reine. J'avoue que quand je vois ce genre de vêtement je suis choquée et peinée mais je ne vais pas les agresser, être impolie, les dévisager avec insistance ou rien d'autre. Elle est accompagnée d'une amie habillée comme vous et moi et d'un ami barbu en bermuda et baskets.

Un marchand de tissus indiens et africains, blanc avec de longs dreadlocks et un bonnet rasta attend qu'elle soit à 5 mètres pour l'apostropher. "Et viens par là, j'ai des trucs du Pakistan qui ne laissent voir que les yeux qui seraient parfaits pour toi." Et il montre une espèce de chose brodée avec une fente pour les yeux. Elle se retourne et reprend sa marche alors que lui continue à lui hurler après. J'ai été choquée et j'ai lancé un regard au type. Mais je n'ai pas voulu lui dire ce que je pensais. J'ai eu un peu peur qu'une polémique inutile commence et d'être moi aussi agressée.

Je me demande quelle force de volonté habite cette jeune fille pour supporter quotidiennement ce genre d'insulte car c'est sûr, en allant dans la rue habillée en hijab des pieds à la tête elle s'expose à ce genre de réactions. Réactions qui évidemment vont la conforter dans son choix. Par ailleurs, moi j'aurais eu envie de boxer le type. En Italie, si ont fait certains gestes, les cornes ou un doigt, vous risquez qu'on vous casse la gueule. Et ça me choque aussi. Le barbu qui accompagnait la jeune fille a laissé tomber mais je comprends qu'au bout d'un certain temps on craque. Moi je me demande, pourquoi s'infliger ça ? Au nom de quoi ?

Je n'avais jamais vu l'intolérance d'une façon aussi flagrante.

Le 25 août on fêtait l'anniversaire du discours de Martin Luther King. Je pense aux milliers de couleuvres avalées pendant des générations par les noirs américains. Je pense à Nelson Mandela et à ce qu'il a enduré. A toute cette haine, il a répondu par la douceur. Une douceur qui est une force. Mais c'est très difficile à comprendre.

La laideur de ces vêtements (que l'on peut voir dans les vitrines de la rue Oberkampf par exemple), la pauvreté de la matière 100% acrylique avec laquelle ils sont réalisés m'horripile. Le fait que ces jeunes filles se sentent aussi obligées de porter des gants noirs me révolte. Parfois des détails m'amusent. On distingue sous la robe vert olive foncé, des leggings moulants et des baskets Nike. Ce qui me rassure sur le fait que dans le fond, elles restent des jeunes filles comme les autres.

Commentaires

  • e comprends ta réaction: pendant les grosses chaleurs il y a 2 semaines j'ai croisé une jeune femme en noir de la tête aux pieds du côté du parc de La Villette et ça m'a fait de la peine pour elle. J'imaginais la chaleur sous ce vêtement en synthétique, pas beau, noir....et elle marchait au bras d'un homme (sans doute son mari ou peut-être un frère) qui lui était bras nus et en short! va comprendre: s'oblige-t-elle ou est-elle obligée c'est souvent la question que je me pose quand je croise des jeunes femmes habillées ainsi.

  • Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue sur ton blog.
    Au printemps en Israel/Palestine j'ai été dévisagée avec haine car mes avant bras étaient nus ainsi que mes mollets. Et ceci par des jeunes femmes (les vieilles s'en foutent).
    Et ça m'a gêné. Énormément.
    Cet été sur les bords de la Cèze ou de l'Ardèche, les femmes en Jihab accompagnaient leurs enfants, frères et mari eux en maillots de bains. C'est dûr. Très dûr.
    Et pour moi incompréhensible.
    J'ai dû mal à ne pas juger et à ne pas me demander si cela est vraiment leur choix.
    Vu avant hier soir le superbe film Circumstance (ou En secret) que je ne saurais que vous recommander.
    J'ai eu du mal à dormir ensuite et me suis demandée ce qu'on pouvait faire pour aider cette jeunesse à vivre.
    Mais où commence l'ingérence ? et l'intolérance ?

  • Terrible ce que tu me racontes. En tant que femme, ou étranger, ou "différent" on s'en prend de touets façons plein la gueule. Moi j'ai l'impression que celles que je vois à Paris, sortant de la nouvelle fac du quartier Tolbiac ou dans le métro du côté du quartier Oberkampf, en hijab ultra couvrant, c'est leur choix. Parfois leurs mamans qui sont en France depuis 30 ans sont catastrophées. Mais les agresser n'est pas la solution. Tout cet été, j'ai reçu des sujets via le fil Reuters relatant les femmes juives qui voulaient prier sur l'Esplanade du temple de Jérusalem. Les orthodoxes, tous des hommes bien sûr, contre-manifestaient sur la même esplanade pour les empêcher de prier. Les femmes psalmodiaient la Torah et les grands chapeaux noirs, avec ou sans mégaphone, hurlaient. La police régulièrement obligée d'intervenir pour les retenir. C'était d'une rare violence.
    Le film "Le Majordome", de Lee Daniels avec gros casting de stars dont Forrest Whitakker, te montre entre-autres choses comment les jeunes étudiants noirs (et blancs)à se préparaient aux manifestations. Ils vont ensuite s'asseoir dans les drugstores là où c'était interdit aux noirs. La violence est terrible, la même que tu as vécue, et que je vois sur mes images et ça fait mal. J'aimerai savoir ce qu'en pense ta grand-mère de tout ça.
    Je vais chercher Circumstance. Sinon j'ai vu un documentaire génial et bouleversant "Les enfants valise". Il passe peut-être dans 25 salles à rtout casser. Cherche sur internet, tu comprendras l'intérêt de la chose.
    Et merci de me lire !

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