J'ai récemment perdu mon portable. Au lieu de le glisser dans ma poche il a du tomber. Le temps de m'en apercevoir, de repasser au bureau et de l'appeler, il était déjà sur répondeur. Tant pis. Je l'aimais bien. J'avais réussi à l'apprivoiser au bout d'un an. Il avait surtout dans sa puce mémoire plein de photos auxquelles je tenais.
Je récupère un ancien téléphone, moins smart, mais tout à fait fonctionnel que je resynchronise et récupère ainsi tous les numéros et adresses. C'est l'essentiel.
Aujourd'hui parmi les centaines d'images que je traite pour mon travail, un sujet dit "insolite" sur un fermier de l'Oklahoma qui avait perdu son portable dans un silos à grain et qui a eu la surprise de le récupérer 9 mois plus tard. Emballé dans une partie de grain, son portable était arrivée au Japon. Le pire, c'est qu'il n'a pas l'air plus étonné que ça Kevin Whitney de Chickasha ! Mais lui aussi évoque le fait que plus que la perte du téléphone (un Iphone) il regrettait les photos qu'il avait prises.
J'ai vécu l'époque du non internet, des photos papiers, des étrangers que l'on rencontre dans des bus ou des trains avec qui on sympatise et avec lequel on échange les photos des enfants. Maintenant on se passe son portable. Et là on frise l'indigestion, car ce petit appareil peut contenir des centaines d'images et de petits films plus ou moins bien réalisés d'enfants chantant ou dansant avec plus ou moins de talent. Mais on est heureux de les avoir là, près de soi. Et ensuite, le téléphone se perd, ou devient obsolète, le support n'est plus lisible, et cette masse de souvenirs intimes est vouée à disparaître. La bonne vieille photo, elle, résiste.