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  • La plainte de l'intermittent ...

    Récemment un groupe d'amis a utilisé mon appart pour tourner une scène de 5 minutes d'un de leurs projets auto financé à 100%.

    Le chef op. est venu avec un minumum de matériel qui a cependant occuppé une bonne partie de mon palier (qui heureusement est grand). Une seule prise électrique convenable dans tout l'appart, celle du frigo. Il a branché ses lumières dessus avec force rallonges.

    Evidemment, je me suis fait un plaisir d'inviter l'équipe réduite - nous étions quatre - à déjeuner. Pâtes, melon, jambon, fraises.

    Personne n'a bu de vin car il fallait travailler l'après-midi. Je me suis donc vidée cette bouteille achetée pour l'occasion au cours de la semaine.

    Le temps était ensolleillé avec des passages nuageux, pour régler le diaph de la caméra ce n'était pas tout à fait commode, car même s'il s'agit d'un "petit" film, tout a été fait très sérieusement.

    A table, discussion sur qui gagne combien.

    Evidemment, le chef op qui nous prête gracieusement son matériel et son temps, gagne majoritairement sa vie en tournant des publicités très bien payées au Japon. Hélas il n'en a pas assez. Il aide son ex-femme qui rembourse l'appartement de plus de 100 m2 qu'ils ont acheté et qui est elle-même intermittente. Nous apprenons qu'elle travaille moins en ce moment alors qu'elle a eu une bonne carrière il y a quelques années de ça. Les enfants sont grands, font des études (sous entendu, ça coûte cher). Lui-même loue cher (mais vue la surface pas si cher que ça, enfin tout est relatif) un très beau loft dans le 11ème qui était à un photographe qui s'en servait comme studio pour ses prises de vue. Il est censé pouvoir le louer et le rentabiliser, mais apparement c'est compliqué.

    L'autre camarade qui a co-écrit le film, se débrouille et raconte des épisodes assez hilarants de comment un jour il avait été maître de conférence dans une faculté mais la manne - toute relative mais qui complétait ses heures - s'est tarie brusquement car l'université préfère désormais embaucher des personnes avec un revenu minimum bien supérieur au sien (absurde mais véridique). L'autre compère explique sobrement qu'il fait quelques piges institutionnelles en télé, rien de bien créatif, et qu'il aime surtout travailler avec les Musées de la ville de Paris et les enfants des centres aérés. Ce n'est pas très bien payé mais il aime ça. Il ne se plaint pas, justement.

    Moi avec mon CDI je fais presque figure de rentière surtout quand je clame qu'après avoir été au chômage et intérimaire pendant 4 ans je suis bien contente de toucher plus de 2000 euros net par mois ! Je crois discerner une lueur d'envie dans le regard du chef op. J'explique cependant que je suis en location et que je n'ai jamais pu envisager d'acheter un logement. Attention.

    D'un côté nous avons ceux qui ont des boulots inintéressants dans l'audiovisuel et qui du coup sont frustrés par le manque de créativité de leur travail et sacrifient parfois leur temps libre en famille pour donner un coup de main sur des tournages 100% gratuits, et de l'autre des free lance désormais un peu plus anxieux par le manque de sécurité inhérent à leur profession mais qui, il y a 10 ans, étaient jalousés par leurs camarades confortablement installés dans l'audiovisuel public mais qui gagnaient tellement moins !

    Effectivement j'ai connu des réalisateurs de télé, intermittents, qui après avoir fait le JT de Pernaut (TF1) venaient dès 15 heures enquiller une nouvelle pige sur une autre chaîne. Ils ont des villas en Corse et des 4x4 si gros qu'ils n'entrent pas dans le garage de leur villa en Corse... Ce n'est pas le cas de tout le monde mais certains ont bien tiré leur épingle du jeu.

    Sur ce, je me pose la question de ce que sera ma note d'électricité après cette journée de tournage ... Je pensais la considérer comme ma modeste participation à la réalisation de ce film, de même que les repas fournis à plusieurs occasions. Peut-être que je devrais faire des notes de frais pour la production 100% auto-financée par Pierre, Marc, Stephan et Francis ...  A vrai dire je me vois mal faire ça. Très humblement,  je me sens un petit peu grand prince, même si ça peut paraître antynomique, et un tout petit peu Daniel Toscan du Plantier.

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