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Je twitte, tu twittes, il twitte, verbe du 1er groupe de la seconde génération...

Bon, je bénéficie au premier titre de la vague internet vu que les JTs de notre rédaction sont mis en ligne après leur diffusion et que c'est moi qui m'occupe de cela. Ca me donne du travail et je ne vais pas cracher dessus.

Mais parfois je m'étonne de la place que prend internet dans la diffusion de l'information. Je me demande même si je ne suis pas trop vieille pour ça, si ce n'est pas un fait générationnel. Je continue à aimer lire un article dans sa forme papier. Cependant je me suis abonnée à Mediapart, car le feuilleton de l'été - l'affaire Woerth-Bettencourt - m'a quand même tenue en haleine. La possibilité de cliquer sur les enregistrements du majordome a fait que je suis restée accro à ce site d'information pendant au moins huit mois. D'ailleurs j'étais énervée quand un journaliste travaillant dans l'open space avec moi me disait, ah tu es abonnée ? Tu m'enverrais l'article ? Mais merde alors, pensais-je dans mon fort intérieur, t'as qu'à t'abonner d'abord ! C'est comme le mercredi matin, quand quelqu'un voit le Canard enchaîné que je me suis acheté au kiosque avant de prendre le métro et me dit: génial, je peux te l'emprunter ? quand on me le demande car parfois il m'arrivait de ne pas retrouver le journal sur mon bureau quand je remontais de la régie prod ce qui me mettait dans un état de rage incommensurable...

Le Canard enchaîné n'a pas de site web. C'est un signe ça. Et il n'y a pas de publicité, ce qui est le garant de son indépendance. Bref. Tout ça pour vous dire que j'aime avoir la version papier d'un article entre les mains. Et à moins d'avoir tous des I-Pad dans nos chiottes, c'est encore un journal que nous aimons lire dans ces moments là.

Internet est cependant devenu le vecteur de diffusion de l'information le plus important actuellement, du moins pour les médias occidentaux. Un quotidien, une chaîne de télé ne s'envisagent plus sans leur support internet. Pour la Tunisie, l'Iran, le Maroc, on parle de cyber révolution. Mais il faut quand même se rapeller que les trois quarts de la planète n'ont pas forcément accès à internet, ne possedent ni ordinateur, ni télé même si le nombre de téléphones portables a explosé. Bref. Je ne veux pas être nostalgique, mais je ne crois pas qu'un média seul pousse un peuple à se révolter. C'est plutôt sa volonté propre et l'étincelle de l'insupportable qui font qu'un jour la résistance s'organise et se propage comme une traînée de poudre.

L'appel du 18 juin aujourd'hui se serait-il passé sur facebook ? Finalement, que nous montre ce film "Le discours d'un roi" (a.k.a The King's speech): l'importance de la parole véhiculée par la radio. A un moment clé de l'histoire d'un pays, une voix a incarné une nation. Accessoirement ce film nous parle aussi de deux hommes et surtout de leurs femmes qui les ont poussés à se dépasser et à croire en eux-mêmes. Ces plans nous montrant toutes sortes de gens réunis autour d'un poste de radio pour écouter un discours capital n'ont rien à voir avec ce que nous pouvons vivre aujourd'hui. Dans un tout autre registre, "Good Morning England" (a.k.a The boat that rocked) nous racontait la même chose: le pouvoir d'une radio libre, des millions de gens écoutant de la musique transgressive réunis autour d'un poste de radio, dans les années 60.

C'est pour ça que je suis un peu embêtée par cet engouement, pas cette immédiateté que sous-entend internet. Il y a un côté modeux individualiste dans cet internet i-padisé, bourgeois et urbanisé qui semble tenir le haut du pavé qui m'énerve ou me fait sourire quand je surprend à quelques mètres de moi ces bribes de phrase : et j'ai twitté en direct pendant une heure, c'était trop génial... Des mots prononcés par les mêmes qui se précipitent sur leur page facebook dès qu'ils s'assoient devant leur Mac au bureau.

Je twitte, tu twittes, il twitte... Et après ?

 

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