Réunion de famille pour les 50 ans d'un cousin qui a la générosité de nous inviter tous, cousins et amis, chez lui. Il habite une petite ferme dans le pays de Loudeac, avec un ravissant jardin qu'il a lui-même paysagé (il enseigne l'horticulture dans un lycée agricole) qui embellit d'année en année. Au menu, méchoui (cuit dans un ancien chauffe-eau... maintenant je comprends pourquoi on trouve de ces vieux machins qui traînent dans des arrières cours), pommes de terre de Noirmoutier, vins et champagne. Quelqu'un a eu la bonne idée d'apporter de charmants bouquets de fleurs de jardin...
Moi lâchement, j'en profite pour faire du tourisme car je suis arrivée la veille, où j'ai pu bénéficier d'un dîner au calme, parfait pour faire connaissance.
Le lendemain matin après une nuit fenêtre fermée - pour échapper aux odeurs de porcherie du gîte où nous logions - nous nous échappons vers St Brieuc et la mer. Direction la plage d'Erquy qui ne m’émeut pas plus que ça, trop grande, trop vacancière à mon goût.
Et ensuite direction le cap Fréhel, plus sauvage.
Le phare, édifice reconstruit en 1950, est d'une architecture intéressante. Je n'ai pas payé 2 euros pour le visiter mais j'ai admiré les boiseries aux motifs marins dans l'entrée. Une jeune femme frigorifiée emmitouflée dans une polaire s’occupe de la billetterie et des cartes postales. On peut les poster sur place. La boîte à lettre jouxte le tronc pour les sauveteurs en mer.
Il faut ensuite emprunter le petit sentier balisé pour se promener sur la lande, verte, jaune et mauve des ajoncs et bruyères, revivifiés par le violent orage de la veille. La côte et ses falaises à pic sur la mer offre des points de vue à couper le souffle. Des grives chantent. C'est beau.
Au passage, arrêt à la plage des Berges d'en bas, en évitant avec soin Sable d'or les pins, oui, Sable d'or les Pins, avec ses villas cossues et son casino. On ne comprend pas comment à côté de rivages magnifiques et sauvages on puisse construire d'aussi monstrueux villages de vacance. Deux noces s'y croisent, et une des voitures du cortège est tout à fait appropriée pour la circonstance, il s'agit d'une vieille voiture publicitaire du tour de France aux couleurs d'un célèbre apéritif anisé que je ne nommerai pas. Ça met dans l'ambiance...
La route est longue de la côte à la Bretagne des terres. Nous arrivons à 21h30 que l'agneau vient d'être cuit. Tout le monde est d'excellente humeur, ayant bien commencé la soirée en attendant la viande. Il fait frais, presque froid, et nous passons tous des vestes, des pulls. La femme de mon cousin propose polaires et chandails, nous sommes dans une maison de voileux, ce genre de vêtement ne manque pas.
Quelqu'un propose de réalimenter le feu dans le chauffe-eau.
Mon cousin généreusement montre où se trouve la réserve de bois. Et c'est là, en plein milieu de la fête, comme dans un film de Sautet, qu'arrive le drame : un des enfants de la sœur de mon cousin percute de plein fouet la porte vitrée de la cuisine. Elle explose littéralement. Il se fait très mal mais ne se coupe pas. A peine quelques égratignures sur le nez. Nous avons évité le pire.
Il faut s’occuper de l'enfant, 10 ans, en larmes bien sûr, de sa mère, en larmes elle aussi bien sûr. Tout ça alors que le gâteau devait être servi. On en oublie les bougies...
Pendant ce temps là une équipe ramasse les bris de verre, cherche des cartons, colmate la brèche. Une autre équipe fait du soutien psychologique. Moi je me sers deux fois du gâteau et hume le parfum du chèvrefeuille qui embaume le jardin. Les conversations reprennent peu à peu.
Dur dur.
Le lendemain, nous passons dire bonjour avant de repartir. Certains ont dormi dans le jardin, sous la tente, d'autres carrément dans la remise du jardin, sur des matelas en mousse. Ils en ont vu d'autres à l'époque où ils faisaient du bateau avec mon cousin, aux Glénans ou à Noirmoutier. Nous partons pour voir la forêt de Broceliande, ce qui s'appelle aujourd'hui le Bois de Paimpont.
Arrêt dans une auberge où crépite un feu de bois (malgré la chaleur estivale) qui sert à y cuire saucisses et grillades (exquises), l'Escalibor. J'y bois un cidre fermier sur l'étiquette du quel un gentil Merlin donne un coup de baguette à un bol de cidre. Exquis lui aussi.
Le parcours vers la forêt arthurienne est parfaitement balisé. Nombreux sont les visiteurs. Le château de Comper (Concoret) est devenu un "centre de l'imaginaire arthurien", oui, et la fontaine de Jouvence qui hélas ressemble plus à une filet d'eau dans un trou boueux provoque malgré tout bcp d'intérêt. Dans une sorte de carrière attenante les visiteurs ont fait plusieurs dizaines de petits tas de pierre, sorte d'hommage mystérieux pour moi qui ne suit pas une adepte.
En nous promenant dans ces bois, nous verrons une petite ferme admirablement bien restaurée au joli potager. Je pense que ce qui me parait très bucolique en plein soleil doit être un peu moins évident par une pluvieuse après-midi d'hiver.
Commentaires
Je te trouve un peu dure avec la plage d'Erquy....par contre dès que tu vas un peu plus loin vers le cap d'Erquy, tu trouves la lande couverte de bruyères comme ce que tu as photographié au cap Frehel: nous n'y sommes pas allées, payer pour simplement garer la voiture,nous avons trouvé qu'il y avait de l'abus et finalement toute la balade qu'on venait de faire était très bien. Par contre le lendemain nous avons visité Fort La Latte: un très bel endroit au bout d'un cap là aussi, assez sauvage et avec vue sur la mer imprenable! Bref une belle région. La visite dans les terres ce sera pour une autre fois!