Le luxe pour 3 euros, c'est ce que je me suis offert après ma matinale, tuante comme d'habitude. Sur le site de la mairie de Paris j'avais repéré une piscine qui ne me semblait pas trop loin de mon bureau. Elle est admirablement bien située, un peu après le parc Monceau, dans une petite traverse de la rue de Courcelles que l'on ne reconnait pas de prime abord car on peut légitimement penser qu'il s'agit de l'entrée des fournisseurs de l'Hôtel des Connaisseurs (5 étoiles).
Une fois qu'on a compris que le garage c'est l'accès pour l'allée Louis de Funès, on arrive au milieu de la zone Beaujon en pleine construction, d'où surgiront des HLMs, des écoles maternelles, des crèches et un complexe sportif dont on aperçoit sur la droite la piscine.
Moderne, d'une architecture agréable et légère tout en métal et en verre, c'est un rectangle posé dans un renfoncement du sol dont l'éclairage est donné par les deux côtés longs grâce à de larges baies vitrées qui étaient ouvertes en ce début d'après-midi. Un solarium sera bientôt disponible. Après l'étape des vestiaires, je me suis retrouvée dans un petit bassin de 25 mètres avec 7 couloirs, deux réservés pour les cours et j'ai commencé des longueurs.
Premier heurt avec un nageur qui nageant en dos crawlé se projette contre mes pieds. Je m'excuse et m'apprête à continuer quand une dame m'interpelle pour dire que le monsieur gêne, et qu'elle s'était déjà fait engueuler. Equipée de lunettes et d'un casque audio amphibie, elle faisait des longueurs avec une petite planche en mousse. Sur ce le nageur réplique qu'il y a de la place pour tous mais manifestement pas pour certains, le ton monte ... Ça fait à peine 5 minutes que je nage et il y a déjà un problème ! Je tente de calmer les choses en disant qu'effectivement il y a de la place pour tous et lance des regards désespérés à la jeune nageuse au casque audio pour lui signifier de ne pas surenchérir. Elle s'en va, hautaine, d'une brasse hésitante qui se veut sportive. Le nageur après avoir lancé un dernier anathème finalement change de couloir.
Je nage, admirative d'un petit garçon joufflu d'à peine 9 ans qui enchaîne les longueurs infatigable sans une seule pause et avec un rythme régulier. Je décide de changer la brasse et de faire un peu de dos crawlé, ça se passe à peu près bien même si une dame avec palmes nage encore plus lentement que moi. Je repasse à la brasse et après 4 longueurs retente du dos, cette fois-ci avec les jambes seules. C'est dur, lent, et excellent pour les cuisses. Et c'est là que la casquée me rentre presque dedans. Je m'excuse poliment de nager doucement, et elle me lance excédée, il y a des couloirs pour les nageurs lents. J'attends que la distance se creuse et repart dans un autre couloir. Au bout de 20 minutes, je constate qu'elle a - telle un brochet dans une mare, viré presque tout le monde : la vieille dame qui faisait des exercices au bout de chaque longueur, le monsieur velu qui nageait comme un phoque, le nageur athlétique et moi. Il n'y a que l'enfant concentré qui ne bouge pas et la lente avec palmes qui est l'amie avec laquelle elle est venue à la piscine (sehr tüpisch). Je comprends qu'il s'agit de l'archétype de la connasse de piscine. Celle qui t'empêche de nager à ton rythme, décide de nager à contre-sens alors que tout le monde tourne pour rebrousser chemin, et engueule tout le monde d'un ton plein de morgue tout ça pour avoir son couloir à elle !
Victime d'une crampe, je sors et constate que ce couloir était justement pour les nageurs lents, les deux suivants étant pour ceux "rapides"... Je passe dans le petit bain qui est doté de jets d'eau, d'un espace bain bouillonnant et est aussi bcp plus chaud que la piscine (qui est à 28°). Génial, le spa et la thalasso pour 3 euros seulement! Il n'y a que deux enfants avec leurs mamans, deux petits filles, deux jeunes filles, la vieille dame de tout à l'heure et moi. Autant dire que personne ne se gêne.
Je me fais masser pas les jets d'eau, me prélasse dans le "jacuzzi", fais quelques mouvement d'aquagym et replonge pour 4 petites longueurs dans la piscine remarquant que la connasse - ouf - est sous la douche.
Une fois dehors, je me retrouve sur le Fbg St Honoré à ne croiser que des femmes parfaitement coiffées et en sac Vuitton. Ayant oublié mon peigne, ma tignasse mi mouillée mi séchée ne ressemble à rien. C'est assez libérateur.