En cherchant comment illustrer dignement ma note sur l'âne macédonien, je suis allée sur le site des archives de Magnum. C'est ça le miracle d'internet. Tout le monde peut consulter les archives de Magnum en faisant une recherche par mots clé. Tout un pan d'histoire photographique, d'actualité vue à travers le regard de personnes fantastiques en libre accès en un clic. Moi, franchement, ça me fascine.
Donc, en cherchant des photos d'ânes macédoniens, je suis tombée sur ces deux images. Une d'Abbas (en noir et blanc) et l'autre de Dworzak (en couleur), toutes deux prises en 2003 pendant l'offensive américaine en Irak, après la chute de Saddam Hussein.
Tous les deux sont passé au même endroit, à quelques heures de distance. Il me parait évident qu'il s'agit du même pont, et du même âne. Tous les deux d'une façon différente ont été touchés par cette scène.
En regardant toutes les photos que les archives de Magnum me proposaient en tapant le mot clé "donkey", j'ai eu accès à des centaines de photos du monde entier. L'âne est un animal humble, sympatique, et universel. Il n'y a pas de région au monde où on n'en apercoive pas un, qu'il soit grand et brun comme dans les photos de Scianna en Sicile ou plus petit et gris comme au Yemen, petit et brun dans les sublimes clichés au Maroc de Bruno Barbey ou ceux d'Hiroju Kubota en Chine. C'est la bête de somme par excellence quand l'homme n'a rien, et ce même aujourd'hui, à l'ère du pétrole.
Je crois donc qu'Abbas et Dworzak, pour si différents qu'ils soient, ont vu la même chose dans cet âne mort : la détresse que la guerre apporte. Le cliché d'Abbas est plus fort à cause de la présence de ces deux hommes entrant par la droite dans le cadre et poussant cette télé dans leur chariot. D'un côté l'âne, symbole du passé, et de l'autre le poste de télévision, symbole de la modernité.