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vie quotidienne - Page 15

  • Lecteur du Canard

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  • Jeunes femmes voilées

    L'agression de cette jeune fille de Trappes me rappelle une scène à laquelle j'ai assisté place du Capitole à Toulouse pas plus tard que la semaine dernière.

    Un grand marché ouvert de disques, livres, vêtements est installé sur la place. Nous sommes samedi. Il fait très chaud et tout le monde se promène et regarde les tréteaux.

    Une jeune fille recouverte des pieds à la tête d'un grand voile marron ne laissant libre que son visage, beau, maquillé et sévère -  me défie du regard et marche extrêmement droite fendant la foule comme une reine. J'avoue que quand je vois ce genre de vêtement je suis choquée et peinée mais je ne vais pas les agresser, être impolie, les dévisager avec insistance ou rien d'autre. Elle est accompagnée d'une amie habillée comme vous et moi et d'un ami barbu en bermuda et baskets.

    Un marchand de tissus indiens et africains, blanc avec de longs dreadlocks et un bonnet rasta attend qu'elle soit à 5 mètres pour l'apostropher. "Et viens par là, j'ai des trucs du Pakistan qui ne laissent voir que les yeux qui seraient parfaits pour toi." Et il montre une espèce de chose brodée avec une fente pour les yeux. Elle se retourne et reprend sa marche alors que lui continue à lui hurler après. J'ai été choquée et j'ai lancé un regard au type. Mais je n'ai pas voulu lui dire ce que je pensais. J'ai eu un peu peur qu'une polémique inutile commence et d'être moi aussi agressée.

    Je me demande quelle force de volonté habite cette jeune fille pour supporter quotidiennement ce genre d'insulte car c'est sûr, en allant dans la rue habillée en hijab des pieds à la tête elle s'expose à ce genre de réactions. Réactions qui évidemment vont la conforter dans son choix. Par ailleurs, moi j'aurais eu envie de boxer le type. En Italie, si ont fait certains gestes, les cornes ou un doigt, vous risquez qu'on vous casse la gueule. Et ça me choque aussi. Le barbu qui accompagnait la jeune fille a laissé tomber mais je comprends qu'au bout d'un certain temps on craque. Moi je me demande, pourquoi s'infliger ça ? Au nom de quoi ?

    Je n'avais jamais vu l'intolérance d'une façon aussi flagrante.

    Le 25 août on fêtait l'anniversaire du discours de Martin Luther King. Je pense aux milliers de couleuvres avalées pendant des générations par les noirs américains. Je pense à Nelson Mandela et à ce qu'il a enduré. A toute cette haine, il a répondu par la douceur. Une douceur qui est une force. Mais c'est très difficile à comprendre.

    La laideur de ces vêtements (que l'on peut voir dans les vitrines de la rue Oberkampf par exemple), la pauvreté de la matière 100% acrylique avec laquelle ils sont réalisés m'horripile. Le fait que ces jeunes filles se sentent aussi obligées de porter des gants noirs me révolte. Parfois des détails m'amusent. On distingue sous la robe vert olive foncé, des leggings moulants et des baskets Nike. Ce qui me rassure sur le fait que dans le fond, elles restent des jeunes filles comme les autres.