L'open space - comme son nom l'indique - est un espace ouvert.
Je ne peux enrichir le texte, mais imaginez ce mot souligné : ouvert, avec tout ce que cela comporte. C'est pour cette raison que toutes mes réflexions portent sur le vivre ensemble, car nécessairement, dans un espace ouvert on est vraiment confronté aux autres.
Comme nous vivons en société, pour que l'espace ouvert ne soit pas synonyme de jungle, ou de savane (qui sont d'autres bons exemples de grands espaces), nous avons des règles non écrites de savoir-vivre. Hier nous avons eu un parfait exemple du vivre ensemble dans l'open space - je devrais dire un exemple de disfonctionnement du vivre ensemble: une réunion!
Malgré que nous soyons en présence d'une assemblée d'adultes, l'espace ouvert s'est transformé en foire d'empoigne où les propos les plus divers ont été vigoureusement soutenus par les uns contre les autres.
L'effet a peut-être été libératoire, c'est agréable de vider son sac de temps en temps, mais pour quel résultat on peut se le demander ! Ce qui aurait pu être une mini assemblée de l'ONU - sans interprètes (ce qui normalement facilite la communication) a vite viré à la cour de récré.
Dans mon souvenir, même dans la cour de récré il y avait des règles. On savait que telle bande, il ne fallait pas l'emmerder, qu'il y avait le groupe qui jouait à l'élastique qui jamais n'aurait joué à chat souris fromage. Il y avait ceux qui lançaient des cailloux, ceux qui jouaient aux billes. Bref. "Passez pon pon le carillon les portes sont ouvertes..."
Et bien hier on a parlé des clans. De la bande de Paul et de celle de Pierre. De qui fait quoi et surtout de qui ne fait pas quoi. Bien sûr, des sujets importants ont été évoqués, quelle ligne éditoriale en général pour la rédaction, si on pouvait évaluer le travail, comment coordonner les reportages et surtout - grand sujet de discorde - qui part ou ne part pas en reportage. Mais à mon souvenir il n'y a pas eu de réponses claires.
Comme dans l'open space on se croise entre personnes qui travaillent le jour et personnes qui travaillent la nuit, personnes qui travaillent en semaine et personnes qui travaillent le week-end, pigistes et permanents, filles et garçons, etc etc, le dialogue n'est pas simple bien que nous parlions tous la même langue.
C'est là où la réunion m'a rappelé l'ONU. On se croyait un peu au moment du Kosovo, pas de dialogue possible entre albanais, monténégrins, serbes et croates.
Je ne tenterai pas une explication interculturelle sur la francophonie sur les incompréhensions entre belges, suisses, français et algériens. Mais ce serait un bon sujet de discussion.
Ma question est : qui est Ban Ki Moon dans l'open space ?
Dans la vie professionnelle, le vivre ensemble est structuré par un organigramme. Bien des sociologues l'ont déjà mieux dit avant moi, il y a les organisations officielles et celles qui font vraiment fonctionner la vie de bureau. Elles ne sont pas forcément les mêmes. Et le sujet de la réunion d’hier était : l'organigramme ! Ce qui est tout à fait ironique, car malgré la discussion à bâtons rompus, la question de l'organisation du travail n'a pas avancé d'un iota.
Finalement, il faudrait se fier à l'instinct des habitants de l'open space et ne pas se préoccuper des règles écrites de la vie professionnelle.
Chassez le naturel, il reviendra au galop. Les règles non écrites de la cour de récrée s'installeront d'elles même et tout marchera finalement plutôt bien.
Il y aura, sans la nommer, la bande à Paul et la bande à Pierre. Il y aura ceux qui fument en cachette dans les cabinets et ceux qui traînent en haut des escaliers. Ceux qui joueront aux billes avec Xavier et ceux qui restent tous seuls dans leur coin comme Patrick.
Jusqu'au moment où le conseiller d'éducation s'énervera et tapera du poing sur la table. Un avertissement pour tout le monde.
Le débat est ouvert, les suggestions bienvenues.