Je regarde le tour de France, un petit sujet du journal de France 2 de 13 heures. Je vois les coureurs de l'équipe Bouygues, se presser autour de leur camarade qui a gagné l'étape pour le féliciter. Ils l'enlacent tous ensemble, le prennent pas les épaules et l'embrassent dans le cou. Un geste d'une douceur incroyable.
Images très rapides, presque fugitives mais elles me marquent.
Un autre plan où on le voit la tête dans les mains, les avant-bras posés sur le guidon du vélo, épuisé. Un homme l'entoure, un conseiller technique ou un entraîneur je ne sais pas, il le prend par les épaules, lui passe la main dans le dos, l'enlace, et ensuite, ce baiser dans le cou, sur la nuque exactement, pareil, qui me parait d'une douceur incroyable.
Le cyclisme c'est un sport où en en chie, ces mecs ils souffrent. C'est l'horreur. Qu'on se dope ou pas on voit que c'est un truc de malade où on a mal, tout le temps. Je ne sais pas, ce n'est pas très beau à voir, honnêtement, il n'y a rien qui ne me debecte plus que de croiser sur les routes des cyclistes du "dimanche" habillés de pied en cap comme les coureurs professionnels, avec ces maillots moulants de couleurs atroces et couverts de publicités. Mais j'ai toujours été fascinée pas le vélo, pas par les épreuves en stade, de vitesse, mais les courses sur route, il Giro, le Tour de France, la Paris-Roubaix. C'est aussi parce que des grands journalistes écrivent des articles formidables sur ce sport, comme Gianni Brera que je lisais quand j'étais petite, même si je n'y comprenais rien. J'étais fascinée, comme les chansons de geste, i Paladini di Francia, la Guerre de Troie. Et les têtes des coureurs cyclistes. Maigres, éfflanqués, pas vraiment beaux, avec ces nez qui fendent la bise.
Et du coup, toute cette gentillesse, cette tendresse, cet amour vrai m'ont profondément touché. Et pourtant ça n'a duré que quelques secondes.