Hier soir il s'est passé un truc incroyable à Quito. Nous avons assisté quasiment en direct à la séquestration du président equadorien dans un hôpital. Nous nous demandions s'il s'agissait d'un coup d'état ou pas, quand il est sorti de cet hôpital et a été reconduit triomphalement au palais présidentiel. Les images tombaient sans interruption grâce aux EVN et dans la salle de rédaction quasiment vide j'entendai la rumeur de la foule qui enfle et réagir à l'intervention de son président depuis le balcon. Mais je m'en fichai complètement. Au fait je m'intéressai à la dépêche qui est tombée juste avant cette urgence.
Un âne a été surpris à la frontière entre la Bulgarie et la Macédoine avec son chargement de cigarettes de contrebande. L'AFP précise que l'animal n'était "naturellement pas accompagné". J'adore cette précision du "naturellement".
A notre époque si moderne, il est rafraîchissant d'apprendre que certaines choses se font d'une façon quasi artisanale.
Selon les autorités bulgares, ce genre de trafic mené à l'aide d'animaux n'est pas nouveau entre les deux pays. Les cigarettes sont trois fois moins chères en Macédoine qu'en Bulgarie. Au fait, les ânes connaissent la route. Les contrebandiers les envoient seuls passer la frontière. "C'est la manière la plus facile pour faire du trafic de cigarettes" et il est presque impossible de savoir qui sont les "vendeurs et les "acheteurs", dixeunt toujours les autorités bulgares. L'âne au moins ne risque pas de disparaître avec le magot. Par contre je me demande s'il ne se fait pas intercepter de temps en temps. Et comment repasse-t-il la frontière ? J'imagine l'âne partir tout seul sur le chemin, récupéré par un contrebandier bulgare et repartir en Macédoine peut-être avec des légumes, car je ne pense pas qu'on lui fasse retraverser la frontière à vide.
Que fera la police bulgare de cet âne macédonien ? Où vont-il le garder ? Ont-ils des structures ad hoc me demandai-je pendant que Correas continue à haranguer la foule dans un espagnol pour moi incompréhensible car j'ai fait Allemand deuxième langue au lycée. Vous me demanderez comment les autorités bulgares pouvaient être sûre qu'il s'agissait d'un âne macédonien ? Il paraît que leurs fers sont différents.
Henri Cartier-Bresson, Macédoine 1965