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Musique

  • Enfants qui dansent. Clip trouvé sur Youtube

    Par quel parcours je suis tombée sur cette video, je serais incapable de le dire. En tous les cas elle est épatante. Elle est complètement artisanale et en même temps très travaillée :

    https://www.youtube.com/watch?v=5Muyy5i498U&feature=youtu.be

    Les enfants ont choisi une chanson d'Eddy Kenzo, chanteur star ougandais. Ce clip a eu un succès fou. C'est par hasard, qu'Eddy Kenzo l'a découvert. Il a mit - dit-il - quinze jours à retrouver ces enfants et il les a fait danser sur son clip un mois plus tard !

    Les Ouganda ghetto kids, comme ils se sont appelés, ont fait des émules. J'ai trouvé d'autres films semblables.

    La caméra est toujours plantée devant la scène, les enfants de tous âges évoluent avec grâce et spontanéité devant. Il est vrai que cette façon de tourner en cambrant les fesses et en se tortillant est parfois un peu troublant. J'avoue que certainement je dois avoir un ressenti tout à fait culturel vis à vis de ça. Je trouve que leurs ondulations sont un peu allusives, ou alors j'ai l'esprit très mal tourné. En tous les cas, ils sont très doués. Et d'où vient cette façon de bouger ? La chanson est toujours d'Eddy Kenzo, il s'agit ici de "Jambole Nice song" :

    https://www.youtube.com/watch?v=l7qpJ2ZvCMU

    Ici dans la même veine, des gamins qui dansent dans une cour :

    https://www.youtube.com/watch?v=bC9AcprLyig

    Pourquoi Eddy Kenzo fait ces clips avec ces gamins ? Parce qu'il a connu le même parcours qu'eux ! Il est né à Masaka, en Ouganda, il y a 27 ans. Il perd sa mère à 5 ans et vit dans la rue jusqu'à l'âge de 13 ans de petits boulots. Il a ensuite joué dans un club de foot, ce qui lui permet de continuer ses études au lycée comme boursier et en 2007, il enregistre un premier album. En 2008, premier succès, "Yanimbia". En 2010, "Endurance" qui sera utilisé par le président Musuveni pour sa campagne... ce qui suscite une polémique. Mais comme l'écrit le site Afriquinfo, Eddy Kenzo ne se laisse pas abattre pour autant, il sort en 2012 l'album "Ogenda Kunzisa". 2013 l'emmène aux States et surtout la chanson "Sytia Loss", qui devient un tube planétaire avec plus de 8 millions de téléchargement sur You tube. La preuve, avec un an de retard, elle arrive jusqu'à moi !

    Ici "Zigido", qui raconte un peu son parcours. Je trouve étonnants les danseurs africains qui évoluent comme toujours dans une sorte de bidonville. Leurs tenues sont uniques et leur chorégraphie fabuleuse :

    https://www.youtube.com/watch?v=mpymEs4Mcw8  

    Alors, la mélodie, les enfants, je ne sais qu'est-ce qui a fait prendre la sauce. Voici le clip officiel "Sytia Loss".

    https://www.youtube.com/watch?v=ex0NwMcf8iE

    Eddy Kenzo avec les enfants de Kampala.

    eddie-k-and-the-kids.jpg

    Et pour en savoir plus sur les Ouganda ghetto kids, la BBC a fait un petit sujet sur eux.

    https://www.youtube.com/watch?v=fXJEYJM1lQ4

     

     

     

     

     

  • Musique et marine

    Un matin en écoutant France musique, un jeune violoncelliste jouait de la musique de chambre. Il s'agissait d'une oeuvre de Jean Cras le Quintette pour harpe, flûte, violon, alto et violoncelle. J'ai beaucoup aimé cette pièce et tout naturellement j'ai cherché à en savoir plus sur le compositeur.

    Un tour sur internet me donne une rapide introduction. La chose la plus étonnante, c'est que l'homme est marin de profession. Mais Duparc a été son maître. Cette photo - je suis quelqu'un qui est surtout visuel - m'achèvera. Je suis totalement conquise !

    220px-Jean_Cras.jpg (Jean Cras - 1902 avec son chat Bleu-Nial)

    Le charme de la photo y est pour quelque chose, mais il y aussi le souvenir de mon père qui était passionné de voile et musicien. Je crois que ses deux plus grands plaisirs dans la vie étaient de faire du bateau avec ses cousins au bord de la mer (son père avait fait construire un canot à voile qu'il avait voulu insubmersible, le Zinou) et jouer de la musique de chambre avec ses amis. Il passait son temps à emprunter des partitions en bibliothèque et à les recopier sur du papier à musique (pas de photocopieuse dans les années 50 !) car il n'avait pas les moyens de les acheter. C'est ainsi qu'il a appris à copier la musique si rapidement et nettement. J'en ai eu encore l'exemple récemment, lors d'un concert où les musiciens avaient tous des photocopies d'une transcription d'une pièce d'Allegri par mon père !

    DSC_0112.jpg

    Bref, l'amiral Jean Cras, qui se débrouillait pour avoir des pianos sur ses bateaux, qui a été l'homme aimant d'une seule femme à laquelle il écrivait des lettres sublimes, qui composait pour ses petites filles et avait des chats ou des chiens sur ses navires, avait tout pour être en correspondance avec moi.

    Après avoir lu un ouvrage sur sa vie et son oeuvre, écrit par un éminent musicologue canadien, j'ai cherché une partition que je puisse jouer. A la Flûte de Pan, ma demande ne surprend pas la personne au comptoir. Elle m'apporte plusieurs partitions de musique vocale. J'en choisis une dont la tessiture me parait possible et la mélodie accessible (elle se révélera à la pratique plus difficile que je ne le pensais !). Le titre est évocateur "Soir sur la mer". Les paroles sont poétiques et mélancoliques.

    La mer ce soir est un grand miroir.

    Tout se pose sur elle avec une grande douceur.

    Le crépuscule est violet, elle est mauve avant de devenir grise.

    Un feu blanc se mire, le croissant roux de la lune se reflète,

    le phare tournant lui verse par intervalles réguliers son regard rouge,

    une étoile lui envoie son rayon tremblant qui s'allonge,

    et la barque de pêche posée devient double sur ce miroir

    en lui donnant son image.

    Ce soir la mer reflète le monde,

    et tout lui donne tout.

    Mon âme solitaire est ainsi reflétée sur le calme miroir que mes rêves ont choisis.

    Virginie Hériot

    Composé à bord de la Provence, Toulon 12 avril 1929

    Deux ans après l'achat de cette partition, au fur et à mesure que je la travaille, il m'est venu la curiosité de savoir qui était la personne dont Jean Cras avait mis en musique les mots. Et je découvre une autre personnalité assez unique, la première femme navigatrice au monde, qui devint même championne olympique de voile et passait dix mois sur douze sur sa goélette "Ailée" (400 tonneaux tout de même), adorée par son équipage !

    Virginie Heriot.jpg

    Je la trouve magnifique dans sa robe en jersey et ses sandales, sa tenue de voileuse. Derrière elle, son voilier "Aile VI", d'une grande beauté, qui a remporté toutes les courses !

    virginie heriot (1).jpg

    Le peu que je connais d'elle je l'ai appris sur le site de l'histoire du Vésinet. Elle y habitait une somptueuse villa construite par son père, Olympe Hériot, frère du fameux Auguste, héritier des Grands magasins du Louvre. Née en 1890, son enfance se partage entre la villa Hériot au Vésinet, le domaine de La Boissière à Rambouillet et le château d'Essoyes dans l'Aube. Et là je bondis ! Car je connais Essoyes, village de Renoir que je traverse pour aller dans le village où mon ami possède une petite maison de famille. Essoyes, que les parents Hériot quitteront pour faire fortune grâce au génie de leur fils Auguste qui a eu l'idée du premier grand magasin. C'est lui qui inspirera à Zola son personnage d'Octave Mouret dans "Au bonheur des dames". Essoyes, où Olympe transformera une propriété en château en 1890.

    Bref. Virginie est richissime. Quand son père meurt en 1899, elle a 9 ans. Sa mère -jeune veuve de 25 ans plus jeune que son mari - achète un steamer, le "Katoomba", en 1904 (Katoomba est le nom d'une localité des Blue Mountains en Australie, autre coïncidence qui me fait sourire). Il sera rebaptisé "Salvador" et offert à sa fille comme cadeau de mariage. En attendant, elle emmène sa fille et ses deux fils aînés pour une croisière de trois mois à travers la Méditerranée jusqu'à Jérusalem et le Caire. Virginie rencontrera à cette occasion le célèbre Capitaine Loti et montera à bord de son "Vautour". C'est là qu'elle tombe amoureuse de l'océan et déclare "je serais marine". 

    En attendant, elle se marie à 20 ans avec un aristocrate français qui partage avec elle le goût de la mer, François de Saint Senoch. En 1913, elle donne naissance à un garçon, Hubert.

    En 1918, Virginie doit subir une grave intervention chirurgicale, se sentant mourir, elle écrit de La Boissière deux lettres d'adieu, l'une à son fils, l'autre à sa mère :

    "[...] 
    Regardez, je viens mourir doucement près de vous.
    Je vous laisse ma tristesse! qui me vient de plus loin que vous
    Mes désillusions,
    Mes heures d'angoisse,
    Mes heures de révolte,
    Toutes mes heures,
    Ma solitude.
    Prenez mes larmes, toutes mes larmes qui me rendirent plus douce,
    Plus petite, comme toujours abandonnée
     [...]"

    Elle se sépare de son mari en 1921. A partir de là elle pourra se consacrer entièrement à sa passion, la navigation. Elle devient championne olympique en 1928 à bord du yacht "Aile VI" qu'elle a conçu et fait construire. Elle devient célèbre, en 1930 elle rencontre Rabinadrath Tagore (prix nobel de litterature en 1913) qui l'appellera Madame de la mer. Ce qui lui fait une autre connexion avec Jean Cras qui a mis en musique des poèmes de Tagore...

    On sent une personnalité à part, hors normes, comme témoigne cet extrait d'un de ses écrits :

    "Les personnes que je rencontre ne me comprennent pas (...) Elles ne me jugent pas par mes actions mais à travers leurs sentiments. Physiquement, je les étonne :

    - Comment pouvez-vous conduire vos bateaux à la victoire avec des attaches aussi fines?

    ou encore :

    - Comment se peut-il que dans un corps si menu puisse se cacher une si belle énergie!!

    Je souris par habitude, mais l'abîme moral est encore plus profond."

    Dans "Le vaisseau Ailée, le bateau qui a des ailes" 31 janvier 1931

     C'est donc un an après ces jeux olympiques que Jean Cras lui emprunte un texte qu'il met en musique. Etrangement, ils mourront tous les deux la même année, à à peine 15 jours d'intervalle. Jean Cras sera emporté par un cancer foudroyant en trois jours. Virginie Hériot mourra elle aussi prématurément, à 42 ans, des suites d'une blessure contractée lors d'une régate, comme le raconte la page que lui consacre le site du Vésinet :

    "Au début de 1932, au cours d'une traversée entre Venise et la Grèce, sa goélette Ailée II est prise dans une tempête. Virginie, qui ne quitte jamais le pont est grièvement blessée (blessures au foie et deux côtes cassées) mais elle refuse de réduire le rythme des compétitions. Fin août, lors des régates d'Arcachon, elle s'évanouit à bord de son petit voilier Aile VII, On tente de la dissuader de prendre le départ de la régate, mais en vain. Le 27 août, tandis qu'elle rejoint la ligne de départ, elle est victime d'une syncope. Elle meurt le 28 août 1932 à bord d'Ailée II à 15 heures précises."

    http://www.histoire-vesinet.org/virginie-heriot.htm

    Je pense qu'elle ne pouvait pas rêver de plus belle mort.

    Heriot 2.jpgcpa_4062_herriot_petiteaile_7_700.jpg

    Jean Cras (22 mai 1879 - 14 septembre 1932)

    Virginie Hériot (25 juillet 1890 - 28 août 1932)

     

    https://www.youtube.com/watch?v=Q-ATDBgDbLE

     

     

     

     

  • La Fondation Singer Polignac

    Ma mère m'appelle pour me faire part d'une invitation à un concert d'un jeune ensemble baroque "L'Escadron volant de la Reine" dont elle connaît deux des solistes pour leur avoir enseigné l'Italien au conservatoire. Ce concert avait lieu à la Fondation Singer Polignac, dans l'hôtel particulier construit par Winnaretta Singer au début du siècle, situé avenue Georges Mandel pas loin du Trocadero.

    C'était le jeudi 9 octobre.

    Je ne connaissais pas la princesse Polignac. Cette mécène éclairée a dominé la scène artistique française. Héritière Singer (oui, les fameuses machines à coudre), elle est éduquée par sa mère française qui la destine à devenir peintre. Elle a du talent, mais c'est la musique qu'elle préfère. Bref. Plusieurs livres pourraient raconter sa vie et surtout l'influence qu'elle a eu sur la culture en France entre 1888 date à laquelle elle commence à recevoir Vincent d'Indy, Emmanuel Chabrier, Ernest Chausson et Gabriel Fauré dans son premier hôtel Avenue Henri Martin, jusqu'à sa mort en 1943 en Angleterre. Son mécénat continue aujourd'hui dans son hôtel particulier qui abrite sa fondation. De nombreux jeunes artistes y sont en résidence, perpétuant aujourd'hui l'esprit de soutien à la création de la princesse.

    Le concert auquel j'ai assisté se déroulait dans le salon de musique conçu par la princesse pour ce genre de manifestation. C'est inoui de se dire qu'en 1900, un particulier pouvait réunir un aussi grand nombre de personnes pour la création d'une oeuvre musicale. Une partie des invités était assis sur des chaises style Louis XVI les autres sur des chaises pliantes mais version chic, velours et tubes en bronze doré. Les dames élégantes qui avaient distribué les billets ont eu un peu de mal à faire asseoir tout le monde, il devait y avoir au moins 120 personnes.

    Au programme : des oeuvres instrumentales italiennes et la cantate de Bach sur le thème du Stabat Mater de Pergolese. Un moment de très grande qualité.

    A l'issue de l'audition, le public est invité dans la grande salle à manger attenante à un rafraichissement ... Oui, un rafraichissement servi par un majordome en veste et gants blanc. Bourgognes blanc et rouge. Canapés salés et sucrés. Vieilles dames copie conforme de Liliane Betancourt mais en forme, parfaitement coiffées, en tailleur crème et blouse en soie. Sacs Chanels. Colliers de perle et légions d'honneur. Vieux monsieurs impeccables portant ces dames par le bras vers le buffet. Et les jeunes amis des musiciens, venus en nombre les applaudir. Les tailleurs Chanel côtoyaient les mini jupes et jean slim d'adorables jeunes filles et jeunes hommes. 

    En regardant les panneaux en boiserie dorée, les miroirs, les tapisseries des Gobelins je me croyais transportée dans une autre époque, celle des coktails des robes du musée Galliera.

    Un très beau tableau est accroché dans l'escalier d'honneur, il représente une femme dans l'entrebaillement d'une porte donnant sur un jardin avec une gerbe de fleurs qu'elle vient de cueillir. L'inscription m'informe qu'il s'agit d'un autoportrait dont j'ai en vain cherché une reproduction. Une fois sur le trottoir de l'avenue Georges Mandel je pensais à cette personne hors normes dont l'action perdure encore aujourd'hui. D'une façon discrète certes, mais efficace. J'ai pénétré un bref instant dans ce monde de privélégiés. Ce monde, où l'on se change pour aller à un concert en fin d'après-midi.

    Mais la spontanéité et la simplicité des musiciens et chanteuses, rendait la chose actuelle et vivante.

    Ci dessous, la princesse Winnaretta de Polignac photographiée par Man Ray (collections du Centre Pompidou.)

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    http://www.singer-polignac.org