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vie quotidienne - Page 55

  • Intérieur

     

    Il y a très longtemps une de mes tantes m'a offert une bougie parfumée. Au début j'étais très dépitée. Je trouvais que c'était un cadeau franchement nul. Or la première fois que je me décidais à l'allumer j'ai été agréablement surprise. C'était une bougie Rigaud, parfum cèdre. Je me souviens très bien de l'emballage zèbre, à mes yeux très fin années '50 et que je trouve très chic. Aujourd'hui, de passage au Bon Marché avec une amie italienne, je tombe sur le stand Rigaud, et je me souviens... Le prix par ces temps de crise et de fins de mois difficiles me refroidi : 67 euros.

    Rigaud.jpg

    Il y a quelques mois, devant faire un petit cadeau, j'achète une bougie "verveine" chez l'Occitane. Le pot est trop lourd, je le laisse chez moi ne l'emportant pas dans ma valise. Finalement je me décide à faire brûler cette bougie. C'était très agréable. Ma cousine passée à la maison pour bavarder s'extasie sur la bonne odeur dégagée par cette bougie somme toute bien ordinaire. Prix : 16,50 euros.

    Pour commencer la nouvelle année, je franchis le pas de ce qui me semble le luxe inaccessible (rappelez-vous, je fais surtout mes courses chez Franprix, et le luxe pour moi c'est choisir des liquides vaisselles aux parfums improbables et rigolos), je m'achète un bougie Dyptique. J'ai le plus grand mal à me décider, c'est une expérience absolument grisante et en plus, le sac dans laquelle le charmant vendeur glisse ma bougie est hyper pratique pour transporter mes tupperware de pic-nic de midi au bureau. Il me donne - en plus - quantité d'échantillons d'eaux de cologne délicieuses.

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    Prix de la plaisanterie, 40 euros. Mais l'emballage, l'étiquette blanche avec ce graphisme si chic, les échantillons de cologne (95 euros le flacon de 100 ml tout de même, je ne suis pas prête d'en acheter), voilà, c'est grisant. Quand on ne peut pas s'offrir de luxe par raison strictement économique ou même idéologique (même si j'étais richissime, jamais je ne mettrais 1500 euros dans un sac à main), la bougie Dyptique pour une somme somme toute modique, rassasie ce phantasme d'intérieur d'une opulence discrète et accueillante.

    Du coup, en début de mois, me promenant pour une fois sans but précis dans mon quartier, profitant du premier soleil de printemps, j'entre chez Louison, dont les sacs pailletés brillaient en une trilogie bleu klein, turquoise et vert d'eau dans la vitrine et là je tombe en arrêt devant de magnifiques bougies d'une marque totalement inconnue, anglaise. Me souvenant de l'extase de ma cousine à propos de la simple bougie à la Verveine, et a fortiori de la bougie Dyptique, je hume ces beaux objets, présentés sur des socles adhoc en bois sombre et j'achète une de ces nouvelles bougies "True Grace" au nom évocateur : Orangery

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    Le prix par rapport au parfum, à l'emballage, au verre délicatement sablé (Dyptique par comparaison fait vraiment penser à un verre à moutarde Amora) bat toute concurrence: 30 euros, 20 livres en Angleterre en allant sur le site de ce couple qui a eu cette idée de marketing géniale : http://www.truegrace.co.uk/Default.aspx/rangesize.153

    Je me suis arrêtée là. Mais dans une espèce de délire de recherche du luxe le plus inutile, car quoi de plus fou que de littéralement brûler de l'argent pour avoir un intérieur parfumé, je cherche sur internet les fameuses bougies Trudon. En effet pourquoi pas rêver de claquer un jour une somme disproportionnée pour cet objet qui semble être le nec plus ultra de la bougie parfumée française.

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    La Bougie de 2,8 kilos coûte 275 euros... Celle ci-dessus, plus modestement 50 euros. Les descriptions des fragrances sont aussi littéraires que celles des Anglais "True Grace".

    C'est assez peu mon genre faire des billets de ce style, c.a.d. de la publicité pour des produits de consommation d'un intérêt vraiment réduit.Est-ce que parce que je viens de terminer le livre de Florence Aubenas qui relate son expérience dans la peau d'une chômeuse sans expérience et diplômes qui du coup travaille comme "technicienne de surface" ? Ce livre magnifique "Le quai de Ouistreham", montre avec justesse et humanité ce que c'est la misère et également la solidarité. A mes yeux, c'est ce qui explique que parfois on puisse se priver du nécessaire pour avoir une pointe de superflu qui rend le quotidien, fait de liquide vaisselle au guarana ou à l'amande biologique (moment de folie) plus léger. C'est comme s'acheter des fleurs. Les fleurs par définition ne durent pas, c'est leur brièveté qui en fait le prix. Donc, un luxe.

    J'ai vécu douze ans chez ma grand-mère qui m'a généreusement hébergée chez elle pendant mes études et avant que je ne parvienne à trouver un travail correctement rémunéré. Ayant élevé douze enfants et perdu son mari quand sa dernière fille avait cinq ans, elle a, toute sa vie d'adulte, fait attention à son budget afin que personne ne manque du nécessaire. Donc, le luxe ne faisait pas partie de cette vie (alors que jeune, c'était le cas). Je ne sais comment elle aurait réagi si je m'étais acheté - alors - une bougie Rigaud. Mais elle adorait les fleurs. Elle avait un jardin, dont elle coupait les fleurs pour faire des bouquets. Parfois au marché elle craquait pour une botte d'oeillets dont elle gardait les tiges pour les bouturer !

    Je répugnerai à m'acheter même si j'en avais les moyens, ces sacs de grande marque que je vois dans Vogue et dont les prix dépassent la réalité. Je trouve que ça n'a pas sens. Mais une bougie parfumée, oui. Un bouquet de roses Piaget, oui.

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    Yves Piaget - Meilland




  • Combien gagne le patron de General Motors

    Lu ce soir dans l'AFP.

    Le patron de General Motors, Ed Whitacre, recevra cette année un salaire de 1,7 millions de dollars et 7,3 millions de dollars sous forme de titres de la société.

    L'ancien directeur général Fritz Henderson garde quant à lui des fonctions de consultant indépendant pour lesquelles il recevra une rémunération mensuelle de 59 000 dollars. Il devra à la société 20 heures de travail par mois. Ce qui fait un taux horaire de 2403 euros et des poussières.

    Comparé à ce qu'il devait gagner avant ça doit être rude. Comparé à nos salaires ça fait rêver.

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    Fritz Henderson.
  • Devenez vous-mêmes

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    Découvert dans un des gratuits du métro, jeudi après-midi.

    Voilà. Il s'agit de la nouvelle campagne de recrutement pour l'Armée de terre. Au début, sur l'original, je n'avais pas tout de suite distingué le visage dans le tissu camouflage. La veste de treillis est hyper realiste, on a l'impression qu'il s'agit de vrais boutons. Graphiquement c'est très fort. Là où ça va vraiment un peu trop fort à mes yeux, c'est dans l'intitulé du site "devenez-vous même.com".  Là, je dis bravo à TBWA Corporate qui a trouvé ce slogan. C'est comme le "vous le valez bien" de l'Oréal. Oui, nous avons tous nos crises identitaires. Il nous arrive dans des moments de lucidité de nous demander ce que nous faisons de nos vies, en tous les cas, moi ça m'arrive souvent et ça peut me déprimer fortement. En fonction de notre caractère, de notre milieu social, de nos possibilités financières, de notre culture, nous décidons ou pas ce que nous voulons devenir, être, faire. On peut choisir de faire une analyse, voir un psy. Cela est réservé à une petite catégorie de gens, aisés, bourgeois, qui ont les moyens. Si je suis jeune et paumée, si je veux devenir moi-même, alors il y a l'armée ! C'est dingue.

    Il y a dix ans, mon psy me disait en plaisantant, "pensez au slogan de l'Oréal, Elena, vous le valez-bien", tout cela pour essayer de surmonter un problème d'estime de moi. Et maintenant, je n'ai plus qu'à me tourner vers l'armée de terre, elle me dira comment devenir moi-même. Je demande ce qu'en penserait ce brave Michel ! Moi, dix ans après ma petite théraphie, je suis consternée.

    Dans le contexte actuel de l'Afghanistan, je ne peux pas rester indifférente à cette campagne. N'oublions pas que des jeunes gens meurent en ce moment. On a beau me dire qu'ils se sont engagés, qu'ils ont choisi ce métier, ce n'est pas une raison pour mourir. Personne ne se réjouit quand un pompier meurt au feu. Le fait qu'ils savent qu'ils font un métier à risque ne veut pas dire qu'ils sont prêts à mourir. C'est comme l'ouvrier sur un chantier, il fait un métier à risque, mais normalement, si les règles de sécurité sont appliquées, il ne devrait pas tomber de son échafaudage. Naïvement, je pense que pour les gars qui sont en Afghanistan c'est pareil. C'est risqué, mais ils ne sont pas censés mourir. Je me demande dans quel merdier on les a envoyés. D'où l'indécence de cette campagne de recrutement. Devenez-vous même. Il faut aller sur le site, y naviguer, pour comprendre l'étendue du problème moral que cela pose.

    Sur le site, nous sommes invités à cliquer sur un visage. Immédiatement une video portrait tournée dans un style volontairement fruste (très travaillé au fait) nous fait entendre le témoignage d'un engagé. J'ai visionné Marc. Son parcours est résumé. Il vient de Melun. Il est devenu tireur, on nous le montre en train de faire son exercice de tir avec sa mini mitrailleuse. Gros plan sur le chargeur et les balles ! Je suis mal. J'espère vivement que mon neveu 9 ans ne tombera jamais dessus (il a plus de chance de tomber la dessus, que sur une video de cul). On nous fait même écouter le témoignage de sa petite amie Anaïs.

    Après j'ai regardé le parcours de Christophe. Christophe vient de Lunéville, son père avant lui était chef de char. Il a toujours rêvé d'être chef de char. Et c'est ce qu'il fait. Il explique que le char Leclerc est le seul tank au monde capable de tirer en roulant. Il se sent invulnérable dans son char.

    Pour finir, j'ai cliqué sur le profil d'une fille, Sergine, qui est pilote d'helicoptère. Elle a servi dans les Balkans, alors que Christophe, lui, est allé au Liban. Elle adore voler.

    Les portraits ne dépassent pas 1m30, 1m50. C'est simple, direct, efficace. On est même un peu ému car certains propos sont sincères. Ils ont beau avoir été travaillés, dans les voix, il y a de la sincérité. D'ailleurs, s'ils ont accepté de le faire c'est parce qu'ils croient en l'armée. Mais je trouve qu'on les a un tout petit peu manipulés tout de même. Pourrait-on dire "à leur insu de leur plein gré" ?

    Ensuite, tant qu'à faire, je suis allée voir le site de l'armée pour avoir des informations sur les opérations en cours actuellement en Afghanistan. Voilà, en janvier vient de se dérouler ce qu'on appelle une OMLT (Operational Mentoring and Liaison Team) française, qui a récemment conduit l’opération « LAPHROAIG » en vallée de Tangi dans le province d’Oruzgan avec le 1er Kandak de la 4e brigade du 205e corps de l’armée nationale afghane (ANA).

    Laphroaig, mais bon sang de bois, c'est le nom d'un whisky... Je me demande qui dans l'état major a eu cette brillante idée ! Symboliquement je ne sais quelle portée ce nom peut avoir. Je pense qu'il doit y avoir d'autres OMLT qui s'appellent "Lagavullin" ou "Bowmore"...

    Le site me détaille qu'au total, ce sont plus de 150 militaires qui ont pris part à cette opération dont le but était "d’élargir une route fréquemment empruntée par les insurgés et où la coalition a subi trois attaques l’an dernier."

    Je continue ma lecture et j'apprend qu'une patrouille à pied a également été effectuée dans le village de Takyeh, sur les bords du fleuve Tiri Rud. "Une « shura » a été organisée en présence des Maleks et de la PRT (Provincial Reconstruction Team) néerlandaise. Elle a permis de s’entretenir sur la situation sécuritaire et sanitaire et d’évoquer les besoins de la population en matière de développement agricole." Où est ce putain de fleuve, où ça se situe tout ça je me le demande.

    Cet après-midi je suis allée au Musée de l'Armée pour voir une exposition de photos de grands reporters justement sur la guerre en Afghanistan. On pouvait y voir le célèbre cliché de Nachtwey de la femme afghane en burqua pleurant sur la tombe de son frère.

    Nachtwey.jpgIl y avait aussi des photos de grands photographes : Lynsey Addario, Alexandra Boulat, Eric Bouvet, Balazs Gardi, Benjamin Lowy, Seamus Murphy, et Nathalie Sinclair… Je vous invite d'ailleurs à aller voir le site de l'agence VII (http://www.viiphoto.com/) à laquelle appartiennent ces photographes.

    Le cliché qui m'a le plus interpellé est celui pris dans l'ancien centre culturel russe de Kaboul qui est devenu un espèce de squatt pour des drogués. On y voit des hommes enturbannés un peu partout dans une semi pénombre. Un rayon de lumière oblique traverse l'espace et un peu décalé, pas exactement au centre du cliché, un jeune homme, yeux hallucinés, bouche ouverte. Un vrai coup de poing dans le ventre. Rien que pour ça, ça vaut la peine d'aller aux Invalides et de payer 7 euros.


    http://www.invalides.org/pages/infos%20pratiques%20Afghanistan.html

    AFFICHE AFGHANISTAN A JOUR.JPGAlors, moi ce que j'aimerai, c'est que les jeunes qui vont traîner sur le site de "Devenez vous-mêmes" de l'armée de terre, aillent voir ces photos. C'est tout. Ensuite on en reparle.