Je me demande ce qu'elle pense de la crise des migrants ...
Vivre ensemble dans l'open space - Page 19
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Odette regarde le journal d'Arte
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Itw exclusive d'Odette
Certains se demandant qui pouvait bien être cette autruche urbaine, et bien voici des éléments de réponse.
J'ai croisé Odette alors que j'allais prendre le 67, la semaine dernière, près des grilles du Jardin des Plantes. Son visage me paraissait familier et je lui ai demandé si nous nous étions pas déjà vues quelque part. Ce n'était pas le cas, mais au cours de la conversation nous avons découvert que nous avions une connaissance en commun : Suzanne Doppelt, une écrivaine qui a eu la chance d'avoir un bureau au dessus de la singerie aimablement prêté dans le cadre d'une résidence par le directeur du Muséum. Suite à cette expérience, Odette s'est dit qu'il ne tenait qu'à elle de faire la même chose, découvrir le monde et écrire des romans ! Elle me demande si je ne connaîtrais pas quelqu'un qui possède un bureau au calme, qui pourrait faire office de Moulin d'Andé pour autruches.
Flattée par cette comparaison, j'ai réfléchi un très bref instant. Ma cousine Caroline n’apprécie-t-elle pas le calme de mon modeste deux pièces et mon service à thé quand elle doit se concentrer sur un projet de scénario ?
C'est donc tout naturellement que j'ai accepté et proposé à Odette de s'installer dans le 11ème, une sympathie mutuelle étant née quasi instantanément entre nous.
Odette est une autruche conçue et dessinée à Londres, mais fabriquée en Chine (il ne faut pas trop insister sur ce point). Elle se considère britannique jusqu'au bout des pattes. La couleur rose de son plumage l'atteste. Elle est également abonnée à House & Garden.
C'est autour d'une tasse de thé (russe) qu'elle a accepté de se confier en exclusivité pour nos lecteurs.
Merci chère Odette de nous accorder cet entretien, pourriez-vous nous dire quels sont vos projets en ville ?
Bien que la planification et la définition d'objectifs soient la garantie de la bonne réussite d'un projet, j'avoue chère Carabas ne pas m'être fixée de but précis. Pour l'instant j'observe, j'absorbe, je m'imbibe. Je verrais plus tard quand j'aurai pris un peu de recul. Tout ça est très nouveau pour moi, il faut me laisser le temps de m'acclimater.
Puis-je vous demander vos premières impressions ?
Et bien je suis très étonnée des bruits étranges qui surgissent aux heures les plus bizarres. Ce lieu est très silencieux, rythmé par la cloche d'un temple, il me semble, ou un quelconque bâtiment religieux. Cloche qui sonne toutes les demi heures et toutes les heures, ce qui est très agréable pour moi qui aime avoir la perception du temps qui passe. Sur ce, elle fait une pause en regardant en l'air, comme si elle attendait que l'église Ste Marguerite sonne ses cloches.
Mais j'avoue que les marteaux piqueurs vendredi dernier dans la cour mitoyenne et les travaux dans un appartement au 3ème gauche étaient tout simplement insoutenables. Impossible de se concentrer. Surtout que je lisais un article passionnant dans House & garden, ma revue préférée ! Mais heureusement le calme est revenu assez vite.
J'ai été étonnée par votre voisin du dessus qui a choisi de passer l'aspirateur dimanche à 10 heures du matin et qui - alors que vous veniez de rentrer après votre tentative ratée d'aller à Ikea - s'est visiblement livré à une activité particulière qui nécessite d'être au moins deux et en relation rapprochées. Il était 13.30 exactement. Est-ce habituel pour vous humains d'avoir ce genre de rapports à l'heure du déjeuner? Surtout qu'il s'est déjà livré vendredi et samedi matin à cette même activité, j'ai reconnu les grincements de son grabat et des sons vocaux tout à fait caractéristiques Etait-ce avec la même personne ?
Chère Odette, vous me voyez embarassée... Pour ma part je devais dormir profondément et je n'ai rien entendu. Pour tout vous dire, je ne surveille pas les fréquentations de mon voisin du dessus. Il est jeune, il est libre. Si je me permettais, j'émettrais une hypothèse : il vient de faire une rencontre, ce qui explique la fréquence des rapports intimes.
Vous vous demandez pourquoi toutes ces question qui n'attendent pas forcément de réponse ma chère Carabas. Cela vient de mon arrière-arrière-grand-père qui eu la chance de côtoyer un grand anthropologue italien. Observer l'autre pour tenter de se comprendre soi disait le professeur Sabelli. Odette fit une autre pause pour se gratter le croupion avec sa patte. Je me posais cette question parce que nous les autruches avons une saison bien particulière pour la reproduction et je me suis demandée si pour les humains c'était la même chose, dans ce cas, le mois de mars serait votre mois pour les amours? Tous ces travaux c'est parce que vous vous préparez à nidifier?
J'avoue que cette dernière réflexion me laissa sans voix. Face à l'expression de mon visage, Odette hocha légèrement la tête et me dit :
Quand je vous disais que je suis en pleine phase d'observation ! Il est encore trop tôt pour me poser des questions, mangez plutôt une tranche de cet excellent gâteau.
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La navette d'Ikea
Il y a quelques mois, des étudiants vêtus de vestes en plastique jaunes et bleues et aux casquettes assorties, distribuaient des tracts comme celui-ci, devant l'Opéra de Paris.
Une navette gratuite pour aller à Ikea, génial m'écriais-je ! et je mets le tract avec les horaires en évidence sur le frigo.
Lors de nos vacances australiennes, nous avions pu tester le sur-matelas que mon frère avait mis sur le canapé lit où nous dormions. C'était tout simplement divin. Mon envie d'aller à Ikea tester leurs sur-matelas remonte donc à ce moment. Or, depuis que ma mère a eu la bonne idée (je dis bonne idée car elle n'y voyait plus clair, mais depuis qu'elle s'est fait opérer de la cataracte c'est mieux) de se débarrasser de sa voiture, le trip au magasin Ikea de Plaisir n'est plus possible. Et je me vois mal aller au magasin dans le nord de Paris et revenir avec un sur-matelas roulé bien sûr et passer les portillons du RER... Le problème du parisien, c'est qu'il ne peut aller dans ces horribles centres commerciaux car ils se trouvent loin, en banlieue. Il faut laisser les joies d'aller à Ikea le dimanche aux banlieusards qui en profiteront pour y bruncher avec une assiette de boulettes de viandes recouvertes d'une sauce bizarre accompagnées de galettes suédoises, tandis que le parisien, lui, fera la queue dans le froid de ce dimanche des rameaux devant East Mamma Fbg St Antoine pour y manger de la burrata...
Munie de mon tract, pour avoir les horaires de retour, je me dis que cette expédition sauverait mon dimanche. Je me pointe donc à la Bastille où je vois arriver le car bleu et jaune débarquer sa cargaison devant les marches de l'Opéra. Je m'approche du chauffeur et lui demande si c'est bien lui qui repart à 12.30. Et là il me dit que non, il repart à 13.00, d'ailleurs j'aperçois une feuille avec les horaires collée juste à l'entrée du bus qui n'ont rien à voir avec ceux de mon tract. Balbutiante et sur le choc je me fais doubler par une vielle dame dynamique en coloration acajou et béret d'une vague matière laineuse qui veut parler au chauffeur et me tournant vers elle je lui dit, Madame au fait le car repart à 13 heures, mais je sais Madame me répondit-elle d'un ton plein de supériorité, j'ai regardé sur internet ! Comme j'étais très en colère à l'idée d'attendre une demi-heure, et du fait de ne pas avoir regardé sur internet, je lui ai répondu un peu vertement que cela ne l'empêchait pas d'être aimable et je suis repartie droit devant moi, au hasard, écumante de rage.
Marcher dans le froid rue de Charenton (qui pue la pisse), et téléphoner à l'homme de Belan m'ayant calmée, j'ai décider de rentrer chez moi et de laisser tomber cette expédition à Villiers sur Marne. Le sur-matelas attendra...
Ironie du sort, le mois dernier j'ai eu la même déconvenue mais en sens inverse. J'avais planifié une visite de la villa art nouveau de l'administrateur des champagnes Pommery qui vient d'être restaurée par les héritiers, M. et Mme Vranken, à Reims. J'ai organisé mon voyage en fonction des informations recueillies sur internet. Pas un instant je n'ai pensé à téléphoner pour avoir confirmation, sauf qu'il me restait une inconnue, comment aller de la gare de Reims à cette fameuse villa. J'appelle donc l'office du tourisme le matin de mon départ et je découvre que les visites ne se font que sur réservation ! La personne de l'office du tourisme me donne le numéro de téléphone de la villa Demoiselle et en appelant je découvre que les visites ne se font plus que les samedis et le dimanche et effectivement sur réservation, information totalement absente du site. Par contre les visites des caves de champagne, elles, sont bien expliquées, avec réservation obligatoire et possibles en semaine et le week-end... Bref. J'ai couru à la gare annuler mes billets et surtout appeler ma mère qui était à l'origine de ce beau projet qui malheureusement était déjà dans le RER en direction de la gare de l'Est !
Donc, non, Odette, je ne suis pas allée à Ikea.