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Vivre ensemble dans l'open space - Page 98

  • Les mystères de la vie culturelle et sociale parisienne

    Il y a quelques temps, je réponds avec enthousiasme à l'invitation de mon amie Akiko pour aller entendre Anne Sofie von Otter dans un répertoire baroque italien à la Salle Gaveau. Akiko me prévient, les places sont moyennement chères, 40 euros.

    Je la retrouve dans le hall encombré par des petites tables et des chaises du café-restaurant. Bonne surprise, à l'accueil on nous prévient de nous arrêter à l'orchestre, une ouvreuse nous installera : il reste des fauteuils libres. Au premier étage c'est ce qui nous arrive, nous sommes placées dans une des loges sur le côté, au niveau du 6ème rang d'orchestre. Visibilité parfaite. Nous sommes comme des enfants découvrant leurs cadeaux à Noël. Un coup d'oeil circulaire me montre que les premiers et deuxième balcons sont vides. A l'orchestre les places sont presque toutes occupées.

    Nous assistons à un concert parfait, avec un ensemble baroque excellent, une soprane qui chante en duo avec le grande Sofie parfaitement et Mme von Otter est incroyable dans le Lamento de Caterina di Svezia de Provenzale, pièce que j'ai entendue chanter par le haut de contre Pino De Vittorio avec la Cappella dei Turchini de Naples (on peut entendre un exemple du style et du répertoire de Pino De Vittorio ici http://www.youtube.com/watch?v=9tzEILLBJeo). J'étais donc totalement subjuguée par Mme von Otter s'attaquant à ce répertoire qui me semblait être éloigné des années lumière de son style. Elle s'en est sortie sublimement bien en en donnant une interprétation pleine de finesse et d'intelligence (sur internet quelqu'un a une opinion diamétralement différente de la mienne, il s'est ennuyé...). Evidemment, nous aurons du Luigi Rossi et du Monteverdi. Pour finir des bis tous les un les plus étonnants que les autres, pour moi qui n'ai jamais entendu Anne Sofie von Otter en récital : Kate Bush et Barbara (j'étais à ce stade du concert en larmes). Akiko m'expliquera qu'elle a donné un récital où elle chantait ce genre de chansons avec Brad Meldhau, et qu'elle adore faire ça. Moi je me souviens de comment l'équipe d'enregistrement l'avait trouvée glaciale quand elle avait gravé pour Erato "Werther" de Massenet. J'en étais restée là.

    Bref. Une générosité totale. Un silence palpable dans la salle après les dernières notes du Rossi. Beaucoup de complicité avec le public. Et une salle vide! J'ai compris pourquoi on nous avait royalement surclassées à l'orchestre.

    Que s'était-il passé ? Moi naïvement je pensais qu'un récital d'Anne Sofie von Otter se ferait à guichet fermés. Et bien non. Heureusement le concert a été enregistré par Radio France et sera diffusé le 30 mai.

    Ce lundi je vais cette fois-ci écouter le pianiste turc Fazil Say. Le site de Gaveau me propose des places de première catégorie à 25 euros. A ma surprise, je peux en acheter deux sans difficultés. Une fois arrivée je suis étonnée par le monde. Foule sur le trottoir, foule dans le hall, foule dans les escaliers ! Un public enthousiaste qui réserve à Fazil un accueil digne d'une rock star. Il va littéralement nous achever avec les tableaux d'une exposition de Moussorgski (splendides), le Steinway nécessitera d'un réglage pendant l'entracte, et ensuite avec la Toccata de Bach par Busoni et la Sonate 111 de Beethoven. Public debout. Smartphones dégaînés pour prendre des photos et quelques VIPs croisés à la sortie (genre Laure Adler).

    Je suis très contente pour Fazil Say, qui a débuté en France en 1996 à l'Auditorium du Louvre et que à l'époque peux appréciaient, mais que quelqu'un m'explique pour Anne Sofie von Otter. Les deux artistes enregistrent pour la même maison de disque française, Naïve. Quels efforts publicitaires le label a-t-il déployés pour l'un ou pour l'autre ? Les Français n'aiment pas la mezzo suedoise ? Les places sont-elles trop chères ?

    En tous les cas, à quelques jours d'intervalle j'ai eu des émotions fortes, par des musiques et des interprètes très différents. Ce qui me laisse dire que le spectacle vivant a, je l'espère, encore de l'avenir devant lui.

    Ici, Barbara qui chante : http://www.youtube.com/watch?v=jkwaT2mLrtA

    Ici Anne Sofie von Otter dans Sogno Barocco : http://www.youtube.com/watch?v=eWtYwbrOgKw

  • Fatigue

    Je m'étais déjà adaptée - plus ou moins - au smartphone... L'écran tactile continue à inventer les mots et à envoyer des messages que la langue française réfuterait, mais bon, je m'habitue.

    Maintenant, j'ai essayé d'installer ma nouvelle unité centrale. Après réflexion, et comparaison des prix, je décide de rester en mode PC. Somme toute, j'ai une imprimante qui marche et un écran magnifique. Je n'ai pas grand chose à acheter...

    Je me décide 4 mois après l'achat, à finalement déballer l'objet, un ACER "Aspire"... Je débranche l'ancien PC que j'ai péniblement vidé en transférant son contenu sur un "cloud" (ça m'a pris des semaines). Au moment d'allumer le nouvel ordinateur, mon écran reste noir.

    Coup de fil à mon frère expert en informatique, qui m'avait installé ma première unité centrale et qui malgré la distance (il habite Sydney) est parfait comme hotline. Tout d'abord il se moque justement de moi en me disant, mais pourquoi tu ne m'as pas laissé te l'installer quand je suis venu en février ? Et oui, pourquoi me disai-je maintenant. Description des symptômes, explication plausible : le PC ne reconnaît pas le driver de l'ancien écran. Il faudra juste le lui installer une fois après avoir mis en route la machine. "Tu peux essayer de brancher ton écran télé qui bénficie d'un câble HDMI" me conseille-t-il "ou alors un adaptateur pour le port VGA". Effectivement c'est ce que je tente.

    Manque de bol, il y a deux ports HDMI sur le PC, un seul accepte la connectique de mon écran. Et le-dit écran reste noir... Je suis très, mais très fatiguée.

    Mon autre frère, mobilisé par la détresse de sa soeur aînée, me dit que c'est certainement un problème relativement simple à résoudre et qu'il en parlera à son jeune collègue Alex, mage en PC et conclut : la prochaine fois achète un MAC, c'est moins galère. Je crois qu'il a raison. Un ami cher vient de me prêter un petit IBook, et, mise à part la lenteur de la connexion internet (qui ne change pas trop de ce que j'avais avant...) c'est quand même d'une simplicité minérale.

    Alors je me pose la question. Pourquoi un écran neuf (enfin, en parfait état, qui a été acheté en 2005) ne fonctionnerait-il pas quand on le branche sur un PC acheté en 2013 ?

    Vais-je être contrainte à m'acheter un nouvel écran ? En quoi est-il obsolète ? Il est mieux que les HP dernier cri qu'on vient de nous installer au boulot (qui bien qu'ils soient en 16/9eme ont une luminosité et une densité de couleur à chier). 

    Demain je demanderai à mes collègues du service informatique l'autorisation de venir me brancher sur un de leurs écrans dans un coin de leur open space. Encore une chose qui m'est difficile : demander un service. Mais pourquoi dois-je me prendre pour un boulet parce que je vais demander aux gars du service informatique s'ils peuvent me donner un coup de main ? Je suis sûre qu'ils le feront volontiers.

    Bref. J'attends de voir ce qui se passera vendredi.

    La saga continue.

    En tous les cas, le coup du Cloud s'est révélé très utile. J'ai retrouvé un document en deux temps trois mouvements et j'ai pu le retravailler. Le jour où le cloud disparaît, j'espère avoir atteint le stade ultime du détachement bouddhique. Tout est un éternel recommencement.

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  • Je me sens vieille ...

    J'ai une mémoire visuelle, c'est à dire que je fonctionne par images mentales. Quand on me demande un renseignement, c'est plus souvent : vous allez jusqu'au square, vous verrez un MacDo, ensuite vous prenez la première à droite et tout au bout de la rue, vous verrez un resteau qui s'appelle je ne sais plus comment, et la rue que vous cherchez se trouve à gauche.

    Donc, je me souviens que Bld des Filles du Calvaire il y a un magasin qui vend des théières et accessoirement du thé. La devanture est vert anglais et ça s'appelle Le Fiacre. C'est suffisament étrange comme nom pour un magasin de vaisselle pour que je m'en souvienne.

    Je sors du métro, je vais à droite du Cirque d'hiver et sans regarder je m'engouffre dans le magasin. C'est une fois à l'intérieur que je me rends compte que ce n'est pas du tout ça ! Je me sens très vieille, atteinte d'Alzheimer précoce. C'est devenu un énorme espace Betjman et Barton. Il y a bien quelques théières, fort belles d'ailleurs, dont la jeune fille qui travaille dans le magasin malgré qu'elle lise La République de Platon, est incapable de retrouver les prix, le logiciel maison ne fonctionnant pas et le listing des prix étant introuvable.

    Je repars après avoir décidé que je n'achèterai jamais de thé aux noms aussi ridicules que "Escale au port de la lune", "Lundi Light !" ou "Paris s'éveille". Par ailleurs, malgré le nom ultra british, il s'agit d'une marque française établie à Paris soit disant depuis 1919 (la tête des bonnes femmes qui s'en occuppent, mérite le détour, vous trouverez facilement sur internet...)

    La jeune fille qui lit Platon est sympa car elle me dit que le magasin que je recherche est juste à côté. Et oui, il est là, mais il est deux fois plus petit ! C'est normal que de l'extérieur je ne l'ai pas reconnu !

    Avant m'explique le propriétaire, un énorme bonhomme d'une cinquantaine d'années, d'1m80 pour 110 kilos (étonnant d'ailleurs de le voir dans un espace aussi petit et rempli d'objets fragiles) ils avaient aussi l'espace d'à côté qui est devenu le point de vente Betjman. Le Fiacre s'est réduit mais continue à vendre de la porcelaine anglaise typique.

    porcelaine bleue.jpgbirds.jpgporcelaine.jpg

     Il y a tout ce que l'on veut en mugs avec des oiseaux, en porcelaine bleue à motifs fleuris ou chinois, théière à fleurs, avec papillons etc. Je m'extasie alors qu'une vieille dame  atteinte de surdité et peut-être aussi d'alzheimer se décide finalement à acheter une tasse. Un vieux monsieur accompagné d'un jeune teckel à poil dur entre. Je découvre qu'il s'agit de l'associé du monsieur énorme qui lui demandera de m'emballer ma théière. J'explique que les teckels à poil dur sont un de mes chiens préférés car ils ont de très bonnes têtes. Grand sourire de la part de M. Fiacre.

    Je demande comment il s'appelle : Hero. Je n'ose dire comme la nymphe, je me retiens. Par contre j'apprendrai qu'ils ont eu un premier teckel pendant 14 ans et demi. Qu'ils ont attendu cinq ans avant d'en reprendre un autre parce qu'ils avaient eu beaucoup de peine quand il est mort. Nous discutons sur les motifs anglais avec les petits paysages au fond de la tasse qu'une marque allemande dont j'ai oublié le nom (je me sens vieille) a imité pendant que l'on m'emballe ma théière dans un papier plus anglais que ça tu meurs. 

    Je comprends qu'ils forment un couple. Et ce depuis au moins vingt ans.

    Je recommande donc Le Fiacre, Bld des filles du Calvaire. Ils vendent aussi des couvre-théières tricotés main en pure laine vierge, absolument magnifiques, rayés rouge et blanc.

    Ne vous laissez pas désarçonner par l'air peu aimable du propriétaire. Au fait, c'est une pâte d'homme. Et il faut faire attention à bien fermer la porte : Hero n'a pas l'habitude et ils ont peur qu'une fois dehors il ne se perde.