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Vivre ensemble dans l'open space - Page 201

  • Les ânes et la photo

    En cherchant comment illustrer dignement ma note sur l'âne macédonien, je suis allée sur le site des archives de Magnum. C'est ça le miracle d'internet. Tout le monde peut consulter les archives de Magnum en faisant une recherche par mots clé. Tout un pan d'histoire photographique, d'actualité vue à travers le regard de personnes fantastiques en libre accès en un clic. Moi, franchement, ça me fascine.

    Donc, en cherchant des photos d'ânes macédoniens, je suis tombée sur ces deux images. Une d'Abbas (en noir et blanc) et l'autre de Dworzak (en couleur), toutes deux prises en 2003 pendant l'offensive américaine en Irak, après la chute de Saddam Hussein.

    Tous les deux sont passé au même endroit, à quelques heures de distance. Il me parait évident qu'il s'agit du même pont, et du même âne. Tous les deux d'une façon différente ont été touchés par cette scène.

    En regardant toutes les photos que les archives de Magnum me proposaient en tapant le mot clé "donkey", j'ai eu accès à des centaines de photos du monde entier. L'âne est un animal humble, sympatique, et universel. Il n'y a pas de région au monde où on n'en apercoive pas un, qu'il soit  grand et brun comme dans les photos de Scianna en Sicile ou plus petit et gris comme au Yemen, petit et brun dans les sublimes clichés au Maroc de Bruno Barbey ou ceux d'Hiroju Kubota en Chine. C'est la bête de somme par excellence quand l'homme n'a rien, et ce même aujourd'hui, à l'ère du pétrole.

    Je crois donc qu'Abbas et Dworzak, pour si différents qu'ils soient, ont vu la même chose dans cet âne mort : la détresse que la guerre apporte. Le cliché d'Abbas est plus fort à cause de la présence de ces deux hommes entrant par la droite dans le cadre et poussant cette télé dans leur chariot. D'un côté l'âne, symbole du passé, et de l'autre le poste de télévision, symbole de la modernité.

    Abbas.jpgDworzac.jpg

  • Les ânes macédoniens

    Hier soir il s'est passé un truc incroyable à Quito. Nous avons assisté quasiment en direct à la séquestration du président equadorien dans un hôpital. Nous nous demandions s'il s'agissait d'un coup d'état ou pas, quand il est sorti de cet hôpital et a été reconduit triomphalement au palais présidentiel. Les images tombaient sans interruption grâce aux EVN et dans la salle de rédaction quasiment vide j'entendai la rumeur de la foule qui enfle et réagir à l'intervention de son président depuis le balcon. Mais je m'en fichai complètement. Au fait je m'intéressai à la dépêche qui est tombée juste avant cette urgence.

    Un âne a été surpris à la frontière entre la Bulgarie et la Macédoine avec son chargement de cigarettes de contrebande. L'AFP précise que l'animal n'était "naturellement pas accompagné". J'adore cette précision du "naturellement".

    A notre époque si moderne, il est rafraîchissant d'apprendre que certaines choses se font d'une façon quasi artisanale. 

    Selon les autorités bulgares, ce genre de trafic mené à l'aide d'animaux n'est pas nouveau entre les deux pays. Les cigarettes sont trois fois moins chères en Macédoine qu'en Bulgarie. Au fait, les ânes connaissent la route. Les contrebandiers les envoient seuls passer la frontière. "C'est la manière la plus facile pour faire du trafic de cigarettes" et il est presque impossible de savoir qui sont les "vendeurs et les "acheteurs", dixeunt toujours les autorités bulgares. L'âne au moins ne risque pas de disparaître avec le magot. Par contre je me demande s'il ne se fait pas intercepter de temps en temps. Et comment repasse-t-il la frontière ?  J'imagine l'âne partir tout seul sur le chemin, récupéré par un contrebandier bulgare et repartir en Macédoine peut-être avec des légumes, car je ne pense pas qu'on lui fasse retraverser la frontière à vide.

    Que fera la police bulgare de cet âne macédonien ? Où vont-il le garder ? Ont-ils des structures ad hoc me demandai-je pendant que Correas continue à haranguer la foule dans un espagnol pour moi incompréhensible car j'ai fait Allemand deuxième langue au lycée. Vous me demanderez comment les autorités bulgares pouvaient être sûre qu'il s'agissait d'un âne macédonien ? Il paraît que leurs fers sont différents.

    Henri Cartier-Bresson, Macédoine 1965

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  • Tous ensemble...

    Aujourd'hui, la France entière était une nouvelle fois appelée à la grève comme le 7 septembre dernier.

    Cette fois-ci j'étais là et j'ai demandé dans ma boîte qui faisait grève. Évidemment, ce fut très discret.

    Concrètement, grâce au débrayage de la régie de diffusion, le journal du matin ne s'est pas fait. Une monteuse avait également débrayé, une rédactrice a débrayé une heure, la responsable des sources d'images idem. Donc, il n'y avait pas de sujet.

    Moi j'avais annoncé que je débrayai pour le journal du déjeuner. Mais j'avais préféré venir dès le début de ma vacation pour qu'on ne me remplace pas. Mon collègue hier a été littéralement harcelé par sa directrice qui voulait savoir qui faisait grève ou pas. Réponse qu'il n'est pas obligé de lui donner, qui n'est pas de son ressort ni de sa responsablilité et que de toutes façons techniquement, il n'est pas en mesure de lui donner. Voilà. On se demande où est le drame. Nous sommes dans une entreprise publique, dans une démocracie, et voilà que faire grève semble une activité digne d'un dangereux activiste. La chose me semble abhérrante.

    Ce matin, j'ai admiré la discrétion de certains de nos D.S. A 14 heures nous étions huit filles à nous attendre, devant l'entrée avec banderole et drapeaux syndicaux pour aller place la Bastille. Huit nanas alors que notre entreprise doit compter avec le personnel intermittent 450 personnes. Bref.

    Ce fut formidable une fois arrivés à Denfert de se rendre compte du nombre de participants. Je suis repartie avec un collègue par le boulevard Arago et là nous voyions l'immense cortège de la CGT qui remontait lentement vers la place Denfert-Rochereau.  Le temps de descendre jusqu'à la Seine, le cortège n'était toujours pas terminé. Et nous pensions tous les deux que la majorité se repose toujours sur la petite minorité militante qui va se battre pour elle.

    Que risquent-il à dire ce qu'ils pensent ? A se battre pour ce qu'ils pensent être juste ? Rien. Au contraire, plus on est nombreux plus on a de poids. Les 25 millions d'actifs qui sont restés travailler plus ou moins tranquilles, vont bénéficier du courage citoyen des deux ou trois millions qui sont descendus dans la rue à l'appel de leurs syndicats ou tout simplement parce qu'ils pensaient qu'il était juste de le faire.

    Si seulement, une fois, nous étions vraiment tous ensemble.

    David Seymour - Juin 1936 - Dans les fauxbourgs de Paris - Manifestation pour la semaine de 40 heures.

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