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Vivre ensemble dans l'open space - Page 205

  • La légion d'honneur

    La suite naturelle du défilé du 14 juillet, c'est la promotion au grade de chevalier de la légion d'honneur...

    La liste intégrale des personnalités élevées à cette distinction est publiée - j'allais dire bien sûr - dans le Figaro. Je m'y plonge. C'est ennuyeux et en même temps fascinant comme toute liste si on s'y penche avec un peu de détachement. D'ailleurs Umberto Eco ne s'y était pas trompé l'année dernière en investissant le Louvre avec cette thématique "Vertige de la liste", je vous renvois à sa conférence, ne prétendant pas atteindre son niveau d'analyse philosophique :

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    Dans la légion d'honneur nous avons un autre caractère très fort de l'identité française. En effet à travers cette distinction les deux mythes fondateurs que j'évoquais hier se trouvent réunis : le Grand Siècle et l'Empire. Le Musée de la Légion d'Honneur vous explique parfaitement l'historique de cet ordre. C'est Napoléon qui a voulu remplacer l'ordre du Saint Esprit, par une distinction comparable dans l'idée de recréér une lignée dynastique. Le musée de la Légion d'Honneur se trouve en face du Musée d'Orsay. Sa visite est gratuite. On y trouve, outre les décorations françaises, des décorations de tous les pays. Certaines d'un point de vue strictement d'orfévrerie méritent vraiment le détour. Après, la succession de ces salles contenant des vitrines entières et parfois, la place manquant, des tiroirs entiers de décorations qui me semblent fondamentalement inutiles, donne un peu le tournis. On y trouve cependant les baguettes en argent données au tambour d'Arcole. Cette légende historique des guerres napoléoniennes est au fait vraie. Le petit tambour qui a courageusement mené la charge a existé. Ce qui me fait penser que les enfants soldats, ça a toujours existé (il avait 14 ans...) Le diplôme accompagnant la distinction qui a honoré sa bravoure ainsi que les magnifiques baguettes de tambour sont exposés. Mais je m'égare.

    Donc je me plonge dans la liste des promus. Mis à part les grands noms, Michel Serres, philosophe, grand officier, ou le résistant Raymon Aubrac élevé à la dignité de grand-croix, qui paraissent indiscutables, chaque ministère promeut des illustres inconnus. Il y a vraiment de tout, des politiques, des fonctionnaires, des meilleurs ouvriers de France, des anciens résistants encore en vie, des Justes, ce qui fait chaud au coeur, des médecins. La liste la plus sympa est celle intitulée "Promotion du bénévolat associatif". Dans l'énoncé des noms, qui ne me disent rien, je vois toute la modestie de gens qui ont travaillé sans se préoccupper justement de leur notoriété, un tel "président d'un banque alimentaire", une enseignante qui est "présidente d'association", une dame qui dirige une école de chiens guide d'aveugle etc.

    Là où Louis XIV rejoint Napoléon I c'est dans la liste du Ministère des Affaires Etrangères, où je découvre des postes qui me paraissent être plus des titres honorifiques que des fonctions réelles,  un peu comme à la cour. Je tombe sur un "ambassadeur chargé du processus euro-méditerranéen initié à Barcelone"... Mais l'intitulé qui me laisse le plus rêveuse est : ambassadeur représentant permanent de la France auprès de l'Organisation maritime internationale à Londres !

    Après si on a du temps à perdre on peu se plonger dans la liste du Ministère de la Culture, c'est oulipien. La liste étant en ordre alphabétique, la succession des personnalités les plus diverses n'ayant aucun rapport entre-elles (on va d'Isabelle Adjani à un obscur Luc Tessier en passant par Guylaine Guy et Emir Kursturica) fait encore mieux ressortir l'absurdité de la chose.

    Mon grand-père, polytechnicien, contrôleur général de l'Armée avait bien sûr été décoré de la légion d'honneur. Il n'en tirait aucune gloire. Il disait que vu son grade et sa carrière c'était une promotion quasi automatique. Il était fier par contre de sa médaille du sauvetage qu'il avait reçue à 19 ans pour avoir sauvé un vacancier de la noyade sur la plage, un jour de grande marée.

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    Napoléon I sur le trône impérial, portant le Grand Cordon de la légion d'honneur par Ingres, Musée du Louvre, actuellement au Musée de l'Armée, Hötel des Invalides.

  • Le défilé du 14 juillet

    Comme les avions, Rafale et autres, me reveillent chaque 14 juillet à 10h30 pile, j'allume ma télé et regarde le défilé.

    Cette année, hommage spécial à nos anciennes colonies, le défilé était donc ouvert par les soldats de 13 pays africains. Dommage, j'ai raté le passage des Amazones du Dahomey, troupes de choc béninoises, au crâne rasé sous leurs bérets verts.

    Pluie diluvienne qui cesse au moment de l'atterrissage des parachutistes qui rejoignent des soldats africains et forment une ligne, unis les uns aux autres par leurs drapeaux nationaux. C'est la fin officielle du défilé, notre omniprésident s'approche pour serrer la main des soldats et des chefs d'états africains sous la tribune. Et là, hasard de la programmation de la fanfare de la garde républicaine ou vrai sens de l'a-propos, j'entends résonner un poil trop rapide d'ailleurs, la Marche du Grand Turc du ballet-comédie "Le Bourgeois Gentilhomme" de Lully.  Ah ah ah ! Involontaire ? effet recherché ? A vous de voir.

    Je crois que la France ferait bien de régler son compte à deux mythes fondateurs de son imaginaire, le siècle de Louis XIV et Napoléon. Dans ce défilé je vois regroupées ces deux époques, d'un côté la marche de Lully de l'autre l'Ecole Polytechnique héritage de l'Empire. Et pile au moment où notre monarque serre démocratiquement la main de ses homologues africains voici que retentit par les cuivres de la Garde Républicaines, la musique qui le mieux incarne le Grand Siècle. Moi je n'y vois pas de hasard...

    Ce qui est paradoxal, c'est que la Garde Républicaine, pour toute républicaine qu'elle soit, est la récipiendaire de cette tradition héritée de Louis XIV, le cheval, l'école de dressage française, la musique. La révolution a beau être passée par là, les Français restent attachés à cette grandeur toute mythique : la grandeur du siècle de Louis XIV, la grandeur des armées révolutionnaires, la grandeur de Napoléon...

    Le pire, je ne crois pas Nicolas ait reconnu de quoi il s'agissait. Il n'y a que moi et mes amis fondus du Centre de musique baroque de Versailles qui ont bondi sur leur divan!

    Peut-être s'est-il rendu compte qu'il s'agissait de musique baroque, celle d'un siècle où la France "éclairait le monde". Je me demande si certains chefs d'état africains ont eux reconnu le mamamouchi de Molière, et du coup perçu l'ironie de la situation. Je ne pense pas. Il n'y a que nous pour avoir trouvé que c'était peut-être de mauvais goût !

    Un extrait du film "Tous les matins du monde" où Jean-Pierre Marielle incarne M. de Sainte Colombe et Gérard Depardieu campe un convaincant Marin Marais au sommet de sa carrière dirigeant à la cour cette fameuse marche. On reconnait Hugo Reyne, portant perruque, à droite, avec sa flûte à bec.

    http://www.youtube.com/watch?v=grbq6AoquhI&feature=related

    Valentin de Boulogne - Le concert - Musée du Louvre

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  • DHL vs Obama

    J'ai croisé une camionnette TNT aujourd'hui. Sur la portière, le slogan de l'entreprise : "Sure we can !".

    Et Barack Obama quand il a fait sa campagne, il savait que le slogan de TNT c'était celui-là ?


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    TNT explique sur son site qu'ils ont créé ce slogan en octobre 2008 car il incarne bien la philosphie de l'entreprise. Entre le "sure" et le "yes", il n'y a qu'une petite distance sémantique. Cependant, elle est de taille. "Sure," bien sûr nous pouvons, il y a une note de bienveillance. "Yes we can", oui nous pouvons, c'est la force de l'affirmation. Cela retentit, comme une imprécation. Ca me rapelle les cérémonies de baptême, quand le prêtre demande à l'assistance de répéter les mots que l'enfant ne peut dire, dans le cas où il ne s'agisse pas de baptêmes d'adultes "rejetez-vous le péché ?" "Oui, je le rejette". On ne va pas dire "Bien sûr", cela va de soi, on l'affirme.