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vie de bureau - Page 7

  • Les mètres carrés...

    Je fais partie du Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail - autrement dit CHSCT - de ma boîte.

    Donc dans ce cadre, avec trois de mes collègues, je me tape des réunions palpitantes à l'ordre du jour desquelles figurent des points tels que :

    - consultation et information sur l'aménagement du bureau au 4ème étage

    - consultation et information sur l'aménagement de deux salles de montage au 2ème étage

    - consultation et information sur l'aménagement des bureaux de la comptabilité au 7ème étage

    Plus d'autres joyeusetés du même type. Bon, tout de même le CHSCT c'est sérieux, si d'ailleurs on le prenait plus souvent au sérieux, des hommes et des femmes ne se jetteraient pas par la fenêtre de leurs bureaux de France Telecom Orange rue Méderic Paris XVIIe ou ne se suicideraient pas sur le site de leur unité de production comme il est arrivé si souvent à Renault.

    Bref. Ce n'est pas encore le cas dans ma boîte, je vous rapelle, nous ne faisons que de la télé, ce n'est pas si grave que ça !

    Moi étant quelqu'un qui a un peu de mal avec un plan d'étage attaché en format PDF de la taille d'une feuille A4, pour me rendre compte précisement de ce qu'il en retourne au 4ème, au 2ème et au 7ème, je suis allée y faire un tour. Ce fut fort instructif notamment au 7ème.

    Donc, on va repousser les cloisons de toute une série de bureaux côté est de notre bâtiment. Tous ou presque vont devoir se contenter d'espaces plus petits afin de récupérer de la place là où il y en plus tellement. Comme a dit je ne sais plus qui "la nature a horreur du vide", et bien c'est exactement la même chose pour le monde du travail. J'en profite pour regarder le côté ouest de l'immeuble, alias, de l'autre côté du couloir et je constate que le bureau du responsable d'établissement, le type qui est en charge de tous les aspects pratiques de notre immeuble depuis les chiottes bouchés jusqu'à l'alerte à la bombe, est logé dans un tout petit bureau de 12 m2dont l'exiguité est accrue par la présence d'une armoire, de cartons de fournitures posés un peu partout et de multiples écrans de contrôle correspondants aux caméras de surveillance. Le bureau mitoyen du sien est presque une suite impériale par comparaison, et pour cause, c'est celui de la responsable de la logistique ! Elle bénéficie de 40 m2 pour elle toute seule, et son assistante idem.

    Du coup, comme parfois je ne réfléchis pas avant d'agir, vu que je n'ai pas arrêté de poser des questions à des salariés qui m'ont expliqué comment on allait rapetisser leur bureaux mais que tant pis ce n'est pas grave, ils vont s'adapter... Je demande à Mme Logistique au milieu de ses orchidées si, vu qu'elle était en pleine action de déplacer des cloisons, elle n'envisageait pas de déplacer un peu les siennes pour que son voisin ait quelques metres carrés de plus.

    J'ai dit ça, très simplement, j'oserai même dire, naïvement, sans intention sous-jacente. Et bien ça a été TRES mal pris ! J'ai senti que j'avais franchi la ligne jaune.

    A l'heure du déjeuner, je croise le responsable d'établissement et je lui confie mon initiative malheureuse. Ce à quoi il s'écrie, avec une pointe d'ironie, "Malheureuse ! Qu'as-tu fait ? Elle va croire que je t'ai sollicité, ça va faire un drame." Effectivement ça a fait un drame. Je découvre qu'au fait il y a un conflit larvé entre ces deux personnes.

    Ce soir, au moment de partir de la tôle, je croise Mme Logistique et lui dit que la remarque que j'avais faite au sujet de son bureau était totalement spontanée, ce qui est vrai et que son collègue responsable d'établissement n'y est absolument pour rien. J'y ai mis suffisament de conviction pour estimer qu'elle m'a cru.

    N'empêche que, avec mes collègues du CHSCT, nous avons décidé de mettre la question sur le tapis à la prochaine réunion. Tant pis. C'est ce qui s'apelle mettre les pieds dans le plat n'est ce pas ?

    AristotePhyllis2.jpg

    C'est Aristote qui a écrit l'aphorisme "La nature a horreur du vide". Le voici ici chevauché par la courtisane Phyllis, allégorie de la Sensualité asservissant la Sagesse. De qui est cette gravure ? La personne qui l'a publiée sur internet n'a pas eu la correction de l'indiquer. Le trait est d'une telle qualité que ça m'évoque Dührer.

  • La hot line, ou savoir se mettre en rogne un bonne fois pour toutes.

    Avant-hier soir le téléphone sonne à onze heures et demie. Je suis couchée pour une fois, le lendemain le réveil étant mis à 6h30. Je bondis hors de mon lit comme un diable de sa boîte car j'ai laissé le téléphone par terre et avec le parquet je sais que mon voisin du dessous doit bénéficier de sa sonnerie avec la même vigueur que moi. Et puis parce que généralement, à cette heure là, vu que je n'ai plus 30 ans, c'est certainement quelqu'un de proche à qui il est arrivé un pépin. En effet s'il fut une époque où les copines m'appelaient à onze heures et demi, voire minuit, en me disant de les rejoindre quelque part alors que moi j'étais déjà en pyjama, au pieu et que je m'habillais en 4 minutes trente pour les rejoindre, maintenant ça n'arrive plus ! Les copines ont mari et enfant, ou 15 ans de plus donc...

    Le coeur battant je décroche et j'entend une petite voix à l'autre bout du fil : "Excuses-moi, c'est Mylène"... Je ne vois pas du tout qui ça peut-être, "j'ai un soucis avec l'ordinateur..." Ah, la lumière se fait peu à peu dans mon esprit "ils n'ont pas encore corrigé mon nom de famille, je n'arrive pas à me logguer." Putain, mais c'est pas vrai ! En même temps, je suis si soulagée de savoir que ce n'est pas quelque chose de grave que j'en oublie de l'engueuler. Je lui explique comment se logguer avec un autre nom et le mot de passe par défaut et je retourne me coucher en prenant note d'aller voir le service informatique à la première heure.

    Donc hier matin, je monte à l'informatique vers 9h30. Manque de bol il n'y a personne ! Il y a juste leur responsable réseau qui lui n'y est absolument pour rien dans cette histoire. Donc, ma grande scène du 4 où j'aurais hurlé mon énervement d'être réveillée par une de mes collègues décérébrée à onze heures et demie du soir je n'ai pas pu la faire. Merde.

    Je redescend à mon étage après avoir très calmement expliqué que Mylène avait un problème de log in, s'il pouvait transmettre à ses collègues et vu qu'il a pris note de tout ce que je lui ai dit, je pense qu'il l'a fait.

    Ensuite j'ai envoyé un e-mail à Mylène pour lui dire que la prochaine fois elle réfléchisse avant d'appeler sur mon fixe, que j'ai eu très peur en entendant le téléphone sonner si tard et qu'en plus ce n'était pas si important de ne pas arriver à ouvrir sa session, qu'elle n'avait pas à m'appeler pour ça, elle aurait pu me laisser un message. Elle m'a répondu un mail de si plates excuses que je m'en suis presque voulue de lui avoir fait des reproches.

    Là je me dis que quelque chose ne tourne pas rond dans ma tête. J'ai un réel problème ! Ne devrais-je pas faire un séminaire en "Anger management"? Il faut que j'arrive à me mettre en colère sinon je vais finir comme Adam Sandler ! Dans le film, il dessine une ligne de vêtements pour chats obèses. Jack Nicholson le pousse jusque dans ses derniers retranchements et finalement il explose. Comme je ne peux pas aller au parc comme les enfants et taper en hurlant avec ma pelle sur la tête d'un de mes congénères, il faut que je trouve une autre solution. Pour l'instant je cherche.

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  • Les horaires à la carte

    Ma boîte veut mettre en place un nouveau rendez-vous d'info à 8 heures. Pour l'instant la tranche du matin commence à 7 heures avec un premier JT à 11 heures et un autre à 14 heures. Ensuite arrive l'équipe du soir pour préparer un JT à 16 h, un autre à 18 h et un dernier à 22 h. Une autre équipe arrive vers 17h30 pour préparer un JT à 22 heures 30 et un autre journal à 2 heures du matin, c'est ce qu'on appelle la petite nuit par comparaison avec la grande nuit car dans ce cas, les équipes arrivent à 23 heures pour préparer un JT à 3 heures, 4 heures et 6 heures du matin. Ce sont les horaires d'été, l'hiver ça change.

    Donc pour préparer un JT de 13 minutes à 8 heures il faudrait raisonnablement venir trois heures avant. D'ailleurs actuellement c'est ce qui se passe. Le red chef consciencieux arrive à 6h30 pour préparer le 11 heures (qui avant se faisait à 10 heures). La/le présentateur de l'après-midi qui commence avec le 16 heures arrive généralement vers 13 heures. Or leur prise de service est notée sur de très anciens accords d'entreprise comme 14h30. Les rédacteurs arrivent en effet à 14h30.

    Actuellement, avec ce JT à 11 heures, certains arrivent vers 9 heures, d'autres seulement à 7 heures. Maintenant que l'on rajoute un direct à 8 heures il faut donc venir plus tôt, ce qui sous-entend des primes, pour certaines catégories de personnel qui prenait son service à 8 heures et donc n'en avait pas, ou tout simplement augmenter la pige de la personne qui arrive le matin. Pour un permanent, dont le planning est censé être géré par un logiciel, cela sous-entend de modifier la tranche horaire et lui compter les heures réelles qu'il effectue. Or pour un journaliste cela n'a pas de sens. Pour le personnel dit PTA (technique et administratif) évidemment qu'il est soumis à un régime horaire. Il est censé respecter sa prise de service et ne pas aller se balader entre 18 heures et 22 heures...Mais nous n'avons jamais été très stricts, ce n'est pas le collège...

    Le problème est qu'en rajoutant un journal à 8 heures, on ne veut pas rajouter de moyens. A 6h30 il n'y a plus personne, l'équipe de nuit qui a terminé son JT part. N'est là qu'un chargé des sources d'images qui est arrivé à 5h30. Il n'y a pas de documentaliste, pas de chargé de production (sa tranche horaire est 10h30 23 heures). On demandera donc à l'équipe du matin d'arriver une demi heure plus tôt dernier carat. La tranche actuelle étant 6h30-15 heures (dans la réalité 7 heures - 14h30, car tous se barrent dès la fin du JT) elle deviendrait 6h-15 heures.

    Comme on fait de la télé, on ne peut décemment se passer d'un cadreur. On a donc juste rallongé la vacation d'un cadreur d'une heure. Il arrivera à 7 heures. Le réalisateur qui était de toutes façons censé arriver à 7 heures, viendra pour une fois vraiment à 7 heures. Mais le journaliste, s'il a une conscience professionnelle, arrivera à 6 heures minimum, même plus tôt s'il s'agit d'une femme et qu'elle a besoin de se faire maquiller. Or on ne veut pas fixer l'heure de début de service formellement. Certaines ont déjà déclaré qu'elles ne pourront être là avant 6h15, problème de garde d'enfant (mais comment font toutes les autres dans des radios et des télés qui font de vraies matinales ?) Donc pour ne froisser personne, la direction reste dans le vague. La tranche est relevée d'une heure, 6 heures 15 heures avec une tolérance pour arriver jusqu'à 6h30. C'est ce que j'appelle les horaires à la carte. Et je n'ai entendu nulle part qu'on allait payer les journalistes plus.

    A cette reflexion de ma part on m'objecte que certains journalistes ont besoin de plus de temps que d'autres pour se préparer et que d'autres préfèrent travailler dans l'urgence et qu'il n'est pas nécessaire de fixer une heure précise de prise de service.. Il y aura toujours dans une rédaction ceux qui arriveront une heure avant le briefing pour lire les journaux (chez nous ils sont livré à 7 heures !)  et ceux qui arriveront 3 minutes avant sans même avoir écouté la radio.

    Moi qui suis plutôt brutale j'ai envie de dire, ceux qui sont pros, ceux qui ne le sont pas.

    Mais ce qu'ils oublient, ces chers journalistes, c'est qu'ils ne sont pas tout seuls pour faire leur journal. Un monteur a besoin de leur texte pour monter le sujet ou les titres, une maquilleuse attend de travailler correctement et non pas de donner juste deux coups de pinceaux 2 minutes avant l'antenne, un cadreur souhaiterait avoir un peu plus de 5 minutes pour faire un cadre, un truquiste charger ses synthés, un chef d'édition connaître la durée du sujet ou de la chronique pour finaliser son conducteur... Bref, c'est toute l'équipe qui est pénalisée quand une personne est à la bourre. Du coup on fait un journal, à l'arrache, dont on n'est pas satisfait, mais bon on s'en fout, ce n'est que de la télé n'est-ce pas ? Le personnel technique est censé être là, mais le journaliste peut jouir d'une certaine souplesse, par contre s'il est professionnel et qu'il viendra deux heures avant la prise théorique et non gravée dans le marbre de service il sera payé de la même façon que quelqu'un qui arrivera une heure après lui. Au fait, m'a-t-on expliqué, on ne peut pas parler d'horaires pour certaines fonctions, mais d'activité. On a deux deskeurs, ils sont censés arriver à l'heure et il leur sera demandé de faire un sujet, parfois deux et parfois pas du tout. Et bien ils seront payés de toutes façons, quelque soit l'activité qu'ils ont eue ! Parfois ils auront le temps de faire leur papier, parfois ils ne seront pas trop contents car il n'y avait pas d'images, le monteur n'était pas génial ou tout simplement ils n'étaient pas inspirés. C'est la vie. C'est le travail. Ce n'est pas le prix Albert Londres tous les jours. Mais peut-être que l'on peut aspirer au travail bien fait tous les jours ?

    Et moi, en tant que membre du CHSCT, comité hygiène santé et conditions de travail, on m'a donné des tableaux de service avec une petite partie en rouge indiquant la demi-heure de tolérance. On m'a demandé ce que j'en pensais, plus exactement, le terme légal est qu'on m'a "informée".

    Qu'est-ce que je pouvais dire à ça ? Dire qu'en mettant une heure flottante de prise de service on ferait de la merde ? J'aurai tellement adoré le dire, mais ça ne se fait pas, même diplomatiquement. J'ai pu dire que les temps de fabrication me semblent un peu courts, que je préconise des moyens supplémentaires.

    En attendant il va falloir travailler comme ça.

    Moi j'ai de la chance. Je suis PTA. Je suis censée travailler 1750 et quelques heures par an. A la fin de l'année on additionne toutes les heures effectuées figurant sur mon planning et on me rendra les heures travaillées en plus. En attendant, j'ai compris que j'étais vraiment bête d'arriver à 8 heures depuis que nous faisons un journal à 11 heures car si j'arrive à 9 heures personne ne m'en tiendra rigueur. Finalement, à partir de novembre, si l'accord est signé par les délégués syndicaux, je vais arriver à 7 heures et je serais, moi, payée une heure de plus, ou plutôt, à la fin du mois j'aurais des heures à récupérer en plus. Les autres ils auront pour une fois bien gagné le prix de leur pige.

     

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