Images graphiques

Dans mon métier je vois passer des images de provenances diverses et couvrant l'actualité plus ou moins urgente et capitale. Donc mercredi soir, je reçois pratiquement au même moment des images de New York pour illustrer le fait que Clark Kent, le héros de BD américain, quitte le Daily Planet dégoûté par le métier de journaliste, et des images de Syrie, des derniers carnages à Damas.

Le sujet Superman est tourné dans une boutique de New York. Itw du directeur du marketing de Midtown Comics (éditeur du super héros) qui explique pourquoi Clark Kent en a eu marre :

"Clark Kent had basically became fed up with way journalism works at the paper. It's more about selling ads and getting entertainement and just trying to trick people into reading the paper when he really wants there to be some real journalism...." Gros plan très graphique sur la page de BD. J'aime les COMICS.

Juste avant ça des images des derniers bombardements à Damas: 25 personnes tuées alors qu'elles faisaient la queue devant une boulangerie. Comme d'habitude le dope-sheet (descriptif m'indiquant la date, le lieu et la source) m'avertit que les images sont dures. Le terme en anglais est "graphic image".

Pour moi une image graphique est une image forte visuellement réussie. En anglais, il s'agit d'une image insoutenable. En l'espace d'un quart d'heure j'ai vu ça (les corps vous pouvez les imaginer - image amateur transmise par internet ) : 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et ça :

 

 L'ironie du "petit" sujet sur Superman qui réfléchit à son métier de journaliste ne m'échappe pas. Finalement, dans nos journaux, nous ne parlerons ni de l'un, ni de l'autre. En ce qui concerne la Syrie, nous parlerons de l'explosion d'une voiture qui a tué 8 personnes dont 2 enfants, avec images de la voiture complètement recroquevillée, pas de corps.

Droits de diffusion

Tous les jours notre présentateur répète la même chose chaque fois que nous abordons le sujet des J.O : nous ne pouvons pas montrer d'images car nous n'avons pas les droits. Nous faisons une brève plateau que nous illustrons avec une photo - dont nous avons acheté les droits - de l'AFP. Evidemment c'est très frustrant.

Nous n'avons pas le droit de montrer une seule image des compétitions, ni des podiums, ni du village olympique ou du parc olympique. Notre envoyée spéciale sur place n'a pas le droit de filmer les entraînements ni d'interviewer des athlètes dans le village olympique. Hier soir nous diffusons un de ses sujets sur un judoka béninois dont c'était la première participation aux Jeux. Au loin on entraperçoit le parc olympique. A la fin du JT le chef de chaîne nous le fait remarquer et nous met en garde.

Je rapporte son commentaire au red chef qui me dit qu'il ne faut pas exagérer et que ce n'est pas le boulot du chef de chaîne de nous dire ce genre de chose. Moi je ne dis rien mais je pense qu'heureusement que nous avons un chef de chaîne qui surveille ce que nous diffusons sinon ...

Commentaire de la chargée de prod, si c'est pour ne rien montrer et n'avoir le droit de rien faire à ce moment là il valait mieux n'envoyer personne ! Je ne lui fait pas dire.

L'actualité s'immisce dans la vie quotidienne

Hier, réunion de CHSCT. Une après-midi entière jetée à la poubelle, où l'on discute des mérites de l'organisation des bureaux du service technique en open space, des problèmes d'organisation des travaux pour le passage de la V2 à la V3 (sans sous-titres et explication je me rends compte que cette phrase est incompréhensible pour les non adetti ai lavori, les initiés....), un nouveau logiciel pour le traitement informatisé des notes de frais etc. En expliquant notre système de messagerie interne au médecin du travail, j'ouvre mes mails et là je vois un message de l'intersyndicale annonçant la réorganisation d'un secteur de l'audiovisuel public qui nous concerne, nous directement. Du coup, nous nous étonnons plus de voir notre DRH convoquée à la direction générale dans la demi-heure qui suit, la réunion - qui de toutes façons était bcp trop longue - écourtée et 3 points à l'ordre du jour qui se retrouvent reportés à la réunion suivante (la charte informatique, l'approbation des PVs des deux dernières réunions et la discussion du plan d'action suite à la publication du rapport sur les risques psycho-sociaux...)

Entre-temps, le fameux rapport sur les risques psycho-sociaux - qui avait fait couler tant d'encre - a été finalement mis sur l'intranet de l'entreprise. Comme quoi, parfois on arrive à ses fins.

Ce matin je me précipite pour acheter un quotidien et lire la version journalistique de ce que j'ai appris par mail la veille. C'est quand même bien moins inquiétant que Peugeot Aulnay.