Je n'ai pas été très présente ces derniers mois un peu à cause de ça :
Ca s'est passé dans mon quartier. Plus que le drame national, c'est cet aspect, évidement mineur, que je retiens.
La queue le mercredi chez le fleuriste de l'avenue Ledru Rollin, qui se trouve à deux pas du commissariat de police, et qui tristement vendait des fleurs depuis le matin, pour les policiers abattus, et pour Charlie. Quand on allait porter les fleurs, on refaisait exactement le parcours que les deux gardiens de la paix ont fait en courant depuis le passage Dallerey. La réalité des faits brusquement vous sautait à la figure, plus que les images que l'on pouvait suivre sur les chaînes d'information continue ...
Donc, les gens du quartier sont allés porter des fleurs au commissariat et à Charlie. Derrière les camions satellite, des monceaux de bouquets de fleur, de messages.
Place de la République mercredi soir, une foule nombreuse et silencieuse. Ceux qui n'étaient pas au courant, car leur journée de travail les avaient tenus écartés pestaient devant les bouches de métro fermées, pensant à une énième manifestation et ensuite ils comprirent. Se sont tus.
Je n'avais jamais vécu ça.
Après l'horreur a continué, il y a eu Montrouge, Dammartin en Goële, le cours de Vincennes. Les images en direct sur "Reuters live"... Je rentrais chez moi sans aucune envie de regarder la télévision.
Ensuite le grand rassemblement à Paris, où je suis allée mais en me sentant à la fois là et pas là, parisiennement énervée de devoir piétiner une heure sur place, Bld Beaumarchais pour que les femmes et les hommes d'état puissent être pris en photo, une photo historique bien sûr.
Après, avais-je envie de raconter mes petits histoires de vie quotidienne ou mes petites images insolites ? Nous avons un peu oublié qu'ailleurs aussi, il se passait des choses. Et puis la vie a repris, avec juste un peu plus de femmes et d'hommes en bleu devant les écoles, les synagogues, mon bureau... Et je me réjouis que le chat de la librairie du Faubourg ait bien accepté de poser pour moi. Et je rigole à la tête que fit la première ministre polonaise quand des agriculteurs lui ont amené un sanglier dans son bureau pour protester avec les mineurs en grève qui sont au fond de leur puit depuis bientôt 3 semaines.
Et cet après-midi, l'ensemble Les Cris de Paris chantait au Musée du Petit palais, le Miserere d'Allegri, comme on le chantait à Rome, au tout début du 17ème siècle, c'était tout simplement bouleversant.
http://www.petitpalais.paris.fr/fr/node/2299
http://lescrisdeparis.tumblr.com/post/67655103367/o-cecita-del-misero-mortale-de-luigi-rossi
https://vimeo.com/117725846