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  • Quand le rédac chef se prend pour Spielberg ou Chereau, c'est selon

    Nous l'avons compris, nous travaillons dans le quotidien. Notre travail s'apparente un peu au kleenex. Il n'est permanent que dans sa répétition quasi immuable, jour après jour, mois après mois, année après année (si Dieu nous prête vie, ou Sarkozy, c'est selon).

    Donc, un journal qui dure 10 minutes, ce n'est pas Guerre et Paix. Mais au moment où il est fait, c'est la chose la plus importante au monde pour le Rédac chef qui le signe ! Au nom de cette importance il fait régner un stress pas possible en régie, il saute partout, gueule sur l'opérateur synthé car le DEKO a planté en gros 10 minutes avant l'antenne et que du coup "son" banc titre est en péril. Le drame. Finalement tout s'est très bien passé, dans le sens que le JT a bien été fait à l'heure et dans les temps. Mais que d'énervement.

    La semaine dernière, le carrefour de la rue Faidherbe avec le Fbg St Antoine était bloqué pour le tournage d'une scène du prochain film de Chéreau. Romain Duris positionné devant le Crédit Mutuel devait assister à un accident : une moto renversait un piéton sur le passage clouté. Toute l'équipe était en place, figurants, cascadeur, acteurs, éclairage, preneurs de son, caméras etc, dans le froid depuis 19 heures. Ils ont terminé leur travail vers 4 heures du matin. Dans le calme et la meilleure organisation possibles. Chacun était à sa place. Malgré le froid, la faim, la fatigue, car c'était un des derniers jours d'un tournage difficile qui s'est terminé aujourd'hui. Chéreau attentif et poli avec tout le monde.

    Et bien j'aimerai que nos Rédac chefs prennent la peine d'aller faire des stages de patience dans ce genre d'environnement. Disons, que même en télé, nous faisons tous partie d'une équipe. C'est un des charmes de ce métier. Chaque poste participe à la réalisation d'une émission quelle que soit sa durée ou son importance. Chacun a son rôle à jouer. Chacun est à sa place.

    Le Rédac chef devrait apprendre à rester à sa place.

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  • J'éteins la lumière en partant

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    Dans notre chronique du quotidien (ce qui est un peu une redondance, mais bon, nous savons que nous n'écrivons pas ici une chanson de geste), nous abordons aujourd'hui ce qui est un peu la suite du vivre ensemble dans un open space qui est occupé 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365, c'est à dire, penser à la personne qui va s'asseoir après nous à ce qui a été pendant 7, 8 ou 11 heures notre poste de travail. Je résumerai ce comportement par la phrase : "j'éteins la lumière en partant".

    Quelle que soit l'heure à laquelle nous arrivons à notre bureau, nous savons que quelqu'un d'autre était assis là à "notre" place. Parfois, nous arrivons plus ou moins de bonne humeur et remplis d'entrain, et rien que la vue de notre bureau nous serre le cœur.

    Dans d'autres cas, la vue de notre poste de travail ne provoque pas ce mouvement d'humeur bien compréhensible car nous avons été précédés par un collègue dont la maman ou le papa a été un peu plus sévère, ou qui lui a transmis un sens d'autrui plus développé. Ce collègue jette les vieux papiers, le gobelet dans lequel il ou elle a bu, le papier gras de son sandwich, le journal etc. Il vous laisse un poste de travail nickel.

    D'autres laissent tout en plan. Ce qui fait que quelle que soit l'heure ou le jour où nous arrivons dans l'open space, nous trouvons des lampes allumées, voire même des télés, des piles de journaux un peu partout ce qui donne l'impression assez surréaliste que l'endroit où nous passons tout de même 80% de notre temps est toujours sale.

    Autre constatation, la livraison des quotidiens est bien amoindrie si nous avons le malheur de travailler l'après-midi ou le soir.

    Le phénomène de disparition des Libé à partir de 14h30 est assez préoccupant.

    Si je préconise à toute personne un peu responsable, d'acheter son propre "Canard enchaîné" - à 1,20 € l'exemplaire, on n'est pas ruiné - car il n'y en a que 3 pour la Rédaction entière, je pense qu'on peut aussi laisser quelques Libé aux collègues qui arrivent le soir. Une fois qu'on l'a lu sur son temps de travail, il n'est pas obligatoire de l'emmener avec soi dans le métro.

    De la même façon, il est tout à fait agréable, quand nous arrivons le matin ou en début d'après-midi de trouver nos quotidiens, rangés en piles impeccables et a contrario, il est fort déprimant de voir en quel état ces piles sont réduites par certains. Il n'est pas nécessaire de laisser son Monde ou son Figaro ouvert une fois que nous l'avons feuilleté. Nous le replions et le remettons sur sa pile. Ca tombe sous le sens. Le sens du bien vivre ensemble. Pensons à la personne qui a fait les piles.

    Je souhaiterai que nous soyons plus nombreux à faire partie du club de "j'éteins la lumière en partant". Toutes ces personnes qui nettoient après elles, qui probablement ne collaient pas leur chewing-gum en dessous de leur bureau au collège ce qui ne voulait pas dire qu'elles étaient tristes ou ennuyeuses, des personnes qui savent vivre, tout simplement.

    Le débat est ouvert, les suggestions bienvenues.

  • Les crocus dans les pelouses

    Nous constatons tous que nous avons différents niveaux de communication en fonction des personnes avec qui nous parlons.

    Nous ne nous adressons pas de la même façon à notre enfant, à notre copain-copine, notre conjoint, notre mère, a fortiori notre collègue de travail. Et parmi nos collègues de travail nous faisons une différence en fonction de leur position hiérarchique, normalement.

    Travaillant dans un milieu plutôt ouvert et fondé sur les rapports immédiats car ancré dans le quotidien, nous avons tendance à aller vite et viser à l'essentiel. Nous travaillons dans l'urgence. Une urgence toute relative d'ailleurs.

    Nous travaillons aussi en brigade, donc pas avec les mêmes collègues en fonction des jours et des heures de la journée. Du coup, le collègue de travail est parfois considéré un peu au même titre qu'un outil de travail.

    Nous l’appelons sans penser à quelle heure il est arrivé, s'il a travaillé la veille, s'il vient de prendre son service ou pas, car nous sommes concentrés sur l'urgence de la tâche que nous devons au moment "T" exécuter. Du coup nous oublions de mettre en perspective ce que nous demandons et nous fonçons, tête baissée, c.a.d., que nous oublions tout ce qui peut ralentir la réponse que nous souhaitons là, maintenant et pas dans dix minutes ou demain. En bref, nous lui parlons n'importe comment.

    Ca ne nous empêche pas d'avoir - la plus part du temps - des rapports cordiaux, voire même amicaux avec lui. Mais parfois cela nous fait oublier que d'abord nous travaillons ensemble.

    "Quoi, il n'est pas là ? Mais oui tu sais il arrive à 10h30."

    "Tu n'aurais pas le planning des cadreurs ? Non."

    "Je dois absolument trouver quelqu'un pour 10 heures" Et on ne se demande même pas si on pose la question à la bonne personne et surtout on n'attend pas la réponse.

    On laisse 3 messages sur le répondeur de 2 personnes car nous n'avons pas pu les joindre tout de suite.

    Etc etc

    Tout ça ne porte pas à conséquence parce que nous sommes dans l'instantané. Une fois le direct passé, le moment "T" passé, tout est fini. Mais pour les collègues qui étaient en relation avec nous non. Evidemment eux aussi ils passent à autre chose. Heureusement d'ailleurs.

    Je constate que nous sommes tellement habitués à cette immédiateté, cette urgence dans les relations de travail que nous oublions parfois de faire attention aux autres.

    Voilà, en ces premiers jours de printemps je nous demanderai de méditer sur ça. Prenons exemple sur les crocus qui pointent le bout de leurs pétales dans les pelouses de certains parcs parisiens. Faisons attention aux autres en prenant le temps. Regardons autour de nous. Décollons-nous de notre nombril.

    Le débat est ouvert.

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